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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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27 juin 2016

DU DETOURNEMENT : l'égalité de condition

 

Faut-il dire "retournement catégorique" ou "détournement catégorique" ? Il n'y a pas lieu de se retourner vers quoi que ce soit. Une fois l'origine démystifiée - toute origine n'est que relative, effet autant que cause, moment artificiellement détaché d'un processus infini, comme est la naissance par exemple, qui, si elle marque le début d'une existence concrète et séparée, est elle-même la conséquence d'une chaîne interminable de processus et de rencontres - pourquoi s'attacher à tels moments du temps, y chercher une explication, une destination, un destin ? Le passé peut bien être intéressant, il ne doit jouir d'aucune prévalence sur le présent et le futur. Tous les moments du temps s'égalisent dans le processus infini. Dans la marche du fleuve rien, ici, ne vaut plus que là-bas, tout coule et fuit.

Cette idée, fort banale au demeurant, devient extrêmement problématique, voire impossible à tenir, quand nous l'appliquons à notre existence personnelle, laquelle construit de toutes pièces un roman dans lequel on isole des moments forts, on l'on glisse sur les moments faibles, ou considérés comme tels, pour donner du sens, de la valeur. Il n' y a de sens que par une opération de sélection, un tri, une hiérarchie de valeurs : on veut le bien, le plaisir ou la gloire, on s'efforce d'exclure ou de minorer le mauvais, on s'imagine aller quelque part, atteindre quelque accomplissement, quand, de fait, on va très communément à la mort. A la fin, mais ce n'est une fin que pour le sujet qui s'oppose imaginairement à l'ordre du monde, tout s'égalise, révélant qu'en fait, tout, depuis le début, et tout au long du processus, était parfaitement égal, je veux dire de même nature, de même statut, d'une parfaite égalité dans le cours du temps. C'était l'intuition majeure de Pyrrhon.

Ici deux points de vue irréconciliables s'affrontent : celui du désir, qui veut le sens et la valeur, qui ne se soutient que d'affirmer les différences, les formes, les causes et les effets, dans un calcul général du préférable et du souhaitable ; celui du réel, qui à vrai dire n'est nullement un point de vue, en deçà de tout point de vue, auquel on peut éventuellement parvenir par la spéculation ou la méditation, selon lequel il n' y a pas de point de vue, pas de point fixe extérieur au processus, pas de veilleur immobile qui contemplerait de loin ou de haut la marche du temps. On y est, de toutes manières, "embarqués" comme dit Pascal, immergés, glissant et fuyant et roulant sur les flots, vagues et flux nous-mêmes, indissolublement. Accédant parfois à ces niveux de conscience on se fiche totalement de toute question d'origine et de fin, de sens et de valeur, on se prend à rire de la stupidité de soi, et du reste, on en vient à envier l'animal qui ne se distingue en rien, semble t'il, de la vie universelle, dans laquelle il baigne comme une goutte d'eau dans la mer.

Je veux croire que lorsque Montaigne s'acharne à démystifier la différence ontologique entre l'homme et l'animal, qui fonde notre ordinaire sentiment de supériorité sur les bêtes, les bien mal nommées, il a en vue cette égalité fondamentale de condition, à laquelle l'homme croit échapper en s'inventant des idées, des idoles, des symboles, des artifices, des illusions de savoir et de maîtrise, manifestant au mieux sa sottise dans sa passion de suffisance.

Schopenhauer de même, faisant ériger une tombe à son chien. Egalité finale et destinale. On n'échappe pas à l'isonomie de la nature.

Ce développement choquera bien des lecteurs, épris de la dignité humaine, confiants dans la vocation spirituelle de l'humanité. Ma foi, à chacun ses mythes !

La vérité m'oblige en somme à abandonner l'idée de retournement. Plus claire l'idée de détournement : se détourner de toute nostalgie, de toute mythologie, rompre les amarres et glisser sur les eaux du fleuve. De toute manière on n'a jamais fait que cela, que l'on le sût ou non. Peut-être, au fond du fond, vaut-il mieux de le savoir. C'est une manière, simple et élégante, de se rendre disponible à la vérité.

Quant au "catégorique" il exprime une exigence éthique, fondée sur l'expérience subjective, la seule décisive, et nullement un devoir à la manière Kant. Nul ne saurait être tenu de faire ce qu'il ne comprend pas.

 

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Commentaires
K
Encore une fois, il faut distinguer 2 plans : celui de l'absolu et celui du relatif. <br /> <br /> <br /> <br /> Du point de vue du relatif, il y a une différence de degré d'intelligence entre l'homme et l'animal. <br /> <br /> <br /> <br /> Du point de vue de l’absolu, l'homme et l'animal ont une nature identique : vacuité.<br /> <br /> <br /> <br /> De ce qui vient d’être exposé ci-dessus, les concepts de dignité humaine, d’humanisme ou d’humanité sont des idéologies obsolètes. Des impasses à dépasser. Allez, allez, allez au-delà, allez complètement au-delà, l'Éveil (à l’ignorance !) soit réalisé ! ».<br /> <br /> <br /> <br /> Pourquoi ? <br /> <br /> <br /> <br /> A se contenter d’idéologies (ensemble des représentations dans lesquelles les hommes vivent leurs rapports à leurs conditions d'existence (culture, mode de vie, croyance)), donc de représentations uniquement humaines, composée d’hommes, produite pour et en vue de l’homme, à l’usage strictement humain, nous nous sommes trouvés dans une posture d’inceste du Même et non la saine pensée de la singulier, de l’altérité, de l’autre ! Quand je parle de l’autre, j’y inclus le règne animal (dont nous avons encore un pied !), du règne végétal et celui du règne minéral ! Tout ce qui en fait compose et habite l’écosystème (système formé par un environnement (biotope) et par l'ensemble des espèces (biocénose) qui y vivent, s'y nourrissent et s'y reproduisent)).<br /> <br /> <br /> <br /> L’homme si fier de lui-même, d’homo habité par la sapience, s’il se donne le but de réformer en son nom, la planète sur laquelle il vit et meurt, le fera au détriment des autres espèces, mécaniquement, tant qu’il n’aura pas développé cette vision globale et inclusive !
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