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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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6 avril 2016

VARIATIONS sur EPICURE

 

Voici l'éloge qu'un certain Athénée composa à la mémoire d'Epicure (Diogène Laerce, X, 12) : 

 

   "Hommes, vous souffrez le pire, et pour un gain

   Insatiable, vous faites naître querelles et guerres ;

   La richesse de la nature s'en tient à une limite ferme,

   Tandis que les jugements vides suivent une route sans limite.

   Voilà ce que le fils inspiré de Néoclès a appris

   Soit des Muses, soit du trépied sacré de Pytho".

 

Le trépied de Pytho semble désigner le lieu oraculaire de Delphes. Ainsi la généalogie apollinienne est-elle clairement affirmée, redoublée encore par la référence aux Muses, servantes d'Apollon. Pour ma part j'ai souvent souligé le caractère apollinien de la pensée d'Epicure, pensée de la clarté, de la mesure, qui allie l'arc de la réflexion critique à la lyre mélodique, équilibre de la vie dansant sur le flot tumultuaire des éléments.

Quant à "la richesse de la nature" il faut entendre la richesse de la vie selon la nature (kata ten phusin) richesse sans lustre ni demesure, mais pleinement complète en soi et par soi, qui s'oppose pièce à pièce à la rapacité insatiable des insensés.

Pour faire bonne mesure, voici les vers que Diogène Laerce composa sur la mort d'Epicure :

 

   "Salut à vous, et souvenez-vous de mes doctrines"

   Telle est la dernière parole

   Qu'Epicure adressa à ses amis, au moment de mourir ;

   Il entra en effet dans une baignoire chaude, huma

   Le vin pur, puis huma le froid Hadès".

 

Il est toujours intéressant de connaître le comportement des philosophes au moment de la mort. Ici on imagine bien la scène : Epicure au milieu de ses amis, après les dernières recommandations, se fait préparer un bain chaud, goûte un dernier verre de vin (pur, et non coupé d'eau comme on fait d'habitude), et se laisse doucement couler dans la mort. Quelques instants auparavant il avait dicté sa dernière lettre à Idoménée, heureusement conservée :

"Je vous écris cette lettre alors que je passe et achève en même temps le bienheureux jour de ma vie ; les douleurs que provoquent la rétention d'urine et la dysenterie se sont succédé sans que s'atténue l'intensité extrême qui est la leur : mais à tout cela la joie qu'éprouve mon âme a résisté, au souvenir de nos conversations passées ; quant à toi, prends soin des enfants de Métrodore, en te montrant digne de la disposition d'esprit que tu as manifestée envers moi depuis que tu es jeune, et de la philosophie".(DL,X,22)

On remarquera que le dernier mot du philosophe mourant c'est "philosophie".

 

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Commentaires
A
Quand je prendrai mon prochain bain chaud, je penserai grâce à vous<br /> <br /> - "Mon Dieu ! qu'il est agréable de mourir dans le confort d'une si douce sensation "et je pense que je n'aurai plus peur de mon devenir.
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