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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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28 octobre 2015

JOURNAL- De l'enfance

 

On dit parfois du vieillard qu'il retombe en enfance. Malgré mes soixante-dix ans je ne me sens pas "vieillard" - d'autant que ce terme est bien vilain avec sa terminaison en "ard", comme soulard, soudard, ou pendard. Vieux tout au plus, ou vieillissant, ce qui n'induit aucune notion dégradante. Un vin vieux est un vin de qualité qui dégage un bel arôme de fruits mûrs, de vignoble gorgé de soleil. Ma foi, la comparaison est flatteuse, et je me recommande volontiers d'une accointance solaire au culte de Dionysos, ce dieu des vignes.

Passons ! Je voulais parler de l'enfance continuée, celle qui demeure indéfiniment dans le coeur de l'homme, jusqu'àu terme de la vie. Je ne saurais retomber en enfance, puisque, enfant, je le suis et n'ai jamais cessé de l'être. Groddeck disait fort justement que l'homme, dans son devenir, n'a qu'un choix : ou enfantin, ou infantile. J'espère n'avoir pas été trop infantile dans mes options existentielles, n'avoir pas cédé trop souvent aux sirènes de la régression psychique. Quant à l'enfantin je me fais gloire d'avoir su le conserver, et le fructifier. Qu'est ce que la poésie sinon une enfance éternelle ?

Par enfantin j'entends une certaine qualité d'étonnement, d'émerveillement, sans laquelle l'existence retombe inévitablement dans l'ennui et la répétition, dans le plat sérieux du philistin, dans l'ornière des occupations sans grâce, sans folie, sans imagination. Cela ne va pas sans une capacité d'écart, une joyeuse distanciation, une légèreté capricieuse, un sens inné de la futilité et de l'inanité universelles. Pour l'enfantin, le jeu est infiniment plus qu'un vain divertissement, et plus que le travail de production, c'est l'essence même de la vie cosmique : "L'Aïon est un enfant qui joue aux osselets, royauté d'un enfant" (Héraclite). Jouer c'est s'accorder merveilleusement au jeu cruel et innocent de l'univers.

"Un enfant qui ne joue pas est psychiquement mort" déclarait Neill, le fameux auteur de "Libres enfants de Sommerhill". Rien de plus vrai. Mais c'est par un fâcheux malentendu que l'on considère qu'être adulte c'est renoncer au jeu. Non, c'est apprendre à jouer autrement, à préserver à côté du sérieux nécessaire de la vie professionnelle et familiale, ou même à l'intérieur des activités sérieuses, une disposition ludique, allègre, primesautière, dégagée, insoucieuse, par quoi le plaisir accompagne l'effort, comme on voit dans les exercices gymniques, et dans la création.

"Amusez-vous de tout" - voilà qui pourrait figurer en lettres d'or au fronton de nos mairies et de nos sénats. Il est vrai que ça ne fait pas très sérieux, et que la cohorte des bien-pensants va se lever d'un jet pour défiler dans les rues ! Et pourtant ! Qui joue ne fait pas la guerre, il a bien mieux à faire. 

Débusquant Clément Rosset, cet été, dans sa retraite montagnarde, j'ai apprécié, entre deux tirades plus ou moins conventionnelles, l'expression singulièrement enfantine de notre philosophe, un air de gamin facétieux et farceur, comme si, par delà tous les discours, ou en deça, il y avait quelque secret incommunicable, quelque parole inexprimée, qui balayait souverainement tous les dires, les renvoyant à leur vrai statut, de n'être en somme que de l'écume à la surface indicible des choses.

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J
Voilà ce que dit Victor Hugo : "Il est bon d’être ancien et mauvais d’être vieux. Celui qui est très tôt vieux, sera un jour jeune."<br /> <br /> <br /> <br /> Pensez qu'à notre âge, Socrate était condamné à mort. Lorsqu'on lit "L'apologie", nous nous rendons compte, combien il s'est montré digne devant une mort qui n'était pas le terme naturel de sa vie physiologique. Victor Hugo a raison de bannir d'une certaine façon, le mot "vieux". Nous allons tous finir de vivre un jour, et c'est bien la vérité la plus inéluctable qui puisse exister. Car, nous vivons avec un compte-à-rebours qui s'est mit en route, au jour de notre naissance.<br /> <br /> <br /> <br /> Tous les ans, nous avons par habitude de fêter notre anniversaire, et nous ajoutons une bougie au gâteau ! C'est l'inverse qu'il faudrait faire, car un anniversaire n'est pas une année en plus, mais une année en moins. Donc, il faudrait avoir un gâteau d'anniversaire remplie de bougies à notre premier anniversaire, et en retirer une tous les ans.<br /> <br /> <br /> <br /> Nous sommes des anciens, nous avons beaucoup appris de la vie, mais lorsque nous atteignons le chiffre d'une nouvelle décennie, un vent de panique nous prend intérieurement, dès que nous nous apercevons que nous allons vers une décennie qui nous sera peut-être fatale. Mais cette crainte doit passer très vite. Lorsque j'entends des raisonnements de gens qui devraient penser qu'ils sont des anciens et non des vieux, ça me rassure...<br /> <br /> <br /> <br /> Mais à côté de ça, il y a ces adultes qui, au beau milieu de leur âge, voit déjà leur vie terminer. Ils en souffrent psychologiquement et ils voudraient nous contaminer de leur jugement sur l'existence. C'est peut-être pour cela que j'ai choisi de rester un grand enfant, comme souvent je l'ai entendu. Et, passer directement de l'enfance à l'ancienneté. Car le moment adulte ne nous apporte que bien peu de chose, sinon nous activer pour gagner de l'argent pour subvenir à nos besoins. Et, pour beaucoup, ils leur manquent tout pour atteindre un bonheur complètement artificiel !<br /> <br /> <br /> <br /> Montaigne a voulu mourir debout, Descartes nous affirme que philosopher, c'est apprendre à mourir... Mais où ce cache le pessimisme d'un Schopenhauer ou d'un Cioran dans tout ça ? La vie nous donne droit à une existence qui nous conviennent et où nous aimons vivre. Nous devons aménager notre mode d'existence, pour nous transcender vers un bonheur unique, le notre.<br /> <br /> <br /> <br /> Est-il raisonnable de penser à ce qu'il adviendra de nos biens après notre mort ? Nous pensons peut-être un peu trop souvent à ce moment-là, continuons à vivre au présent en laissant l'avenir dans le passé ! Faut-il se préoccuper de notre enterrement en se demandant si nous arriverons à l'heure au cimetière ? Chose absurdement inutile, comme a dit Épicure : "Lorsque nous sommes-là, la mort n'y est pas. Lorsque la mort est là, nous n'y sommes plus"...<br /> <br /> <br /> <br /> La philosophie est un besoin d'apprendre à bien vivre avec nous-même. Et surtout, ne pas entrer dans la crainte de la mort. Dans quelques jours, les enfants vont fêter Halloween, ils vont jouer et se distraire avec la mort... Vont-ils penser à leur propre mort ? Pas du tout ! Ne songeant qu'à se maquiller et manger des bonbons. Démocrite (le vrai) serait contrarié, il avait horreur qu'on lui parle même de l'au-delà. Il avait bien raison, il n'existe par de vie après la mort...<br /> <br /> <br /> <br /> Vivons heureux d'avoir existé et ne nous préoccupons surtout pas, que demain nous ne serons peut-être plus là...
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