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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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1 octobre 2015

PENSEE de la VACUITE, PENSEE du MILIEU

 

"La vacuité n'est pas la vacuité mais la claire conscience de la vacuité". C'est ce qu'écrit Patrick Carré commentant le Soûtra de l'Estrade du Sixième Patriarche Houei Neng.

Que signifie ? La vacuité n'est pas la vacuié, en ce sens que ce serait une grave erreur de considérer la vacuité comme un non-être qui s'opposerait à l'être, de s'obnibuler sur l'absence de substance de toutes choses, et, conséquemment, de verser dans une position nihiliste : rien n'existe, tout est vide et néant. En fait Bouddha avait déjà condamné les deux extrêmes de la métaphysique, celui qui pose l'éternité des êtres (substance, permanence, réalité incontestable) et aussi bien le point de vue nihiliste. Ni être ni non-être, qui ne sont que l'inverse l'un de l'autre, également erronés. Pensée du Milieu, très difficile à concevoir, qui suppose un dépassement radical du concept, échappée hors du filet de la pensée discriminante. Le moi, comme tous les "êtres" du monde, sont sans être, mais existent en quelque manière, d'une existence passagère, vides en un sens très précis : tout coule, tout passe, et ne cesse de passer comme un fleuve qui renouvelle indéfiniment ses eaux, sans cesser jamais de couler.

C'est la pensée, non la pensée conceptuelle qui fige tout en catégories, mais la pensée souple qui va et coule comme le fleuve, "pensée sans pensée", pensée sans point fixe ni obstacle, ni prérequis, ni intentionnalité, pensée libre et éveillée qui comprend la vacuité sans en faire un absolu, un référent idolâtre, un système, pensée ouverte, j'allais dire flottante, c'est cette pensée-là qui peut se saisir de la vacuité comme un levier pour se libérer de l'attachement passionnel aux objets, à l'avoir et à l'être, au souci de soi et de sa libération.

Vouloir se libérer c'est s'enchaîner encore davantage : la libération elle-même peut devenir un piège, comme l'idée de vacuité. Paradoxes féconds du Ch'an : ne vous attachez à rien, laissez les choses aller leur cours, ne vous focalisez pas sur les concepts, n'attachez pas trop d'importance au langage, voire, comme dit quelque part Tchouang-Tseu : "vomissez votre intelligence !".

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