ESSAIS de POETOLOGIE (20) - Entre temps
ENTRE TEMPS : HOLDERLIN
Esquisse de poème, dans le cahier que tient Hölderlin, entre 1801 et 1802
« Entre-temps laisse-moi flâner
Et cueillir des baies sauvages
Pour étancher l’amour de toi
Sur tes sentiers, ô terre ! »
A l’heure du plus grand désespoir, quand sonne la cloche de l’amère incertitude, et que le feu du ciel semble s’être à jamais retiré, il nous reste la promenade par les allées de la terre, et le fruit anonyme d’une œuvre sans auteur. Alors, rendu à l’évidence sensible, l’âme se retrempe dans l’élément nourricier, y puise quelque obscure raison de sentir encore, de vibrer, et avec l’oiseau du soir, de chanter.
La conscience de l’entre-deux, de l’entre-temps, est, comme la nuit, porteuse de silence, garante obscure des clartés à venir.