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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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1 février 2024

OPERA de l'AMOUR et de la MORT - ACTE III

 

 

 

               ACTE TROIS

 

 

                 LE NARRATEUR

 

Cinquante-cinq ans

Une vie entière ou presque

Que j’ai oubliée,

Je ne m’y reconnais plus

A-t-elle jamais été ?

 

Je me sens tout nu

Tout neuf, natif, inconnu

Comme un nouveau-né

Et parfois je me sens lové

Dans les limbes du passé.

 

Etrange folie

De revenir en arrière

Au pays des limbes,

De sonder, à la frontière

Je ne sais quoi qui n’est plus.

 

Ni mort ni vivant

Je me tiens à l’origine

Et je ne sais plus

Si je veux rester ici

Y périr, ou revenir.

                

 

             

        LE CŒUR MODERNE

 

  

Dans tout ce fracas

De galaxies qui explosent

De vents déchirés

Notre existence à vau l’eau

S’en va dans l’incertitude,

 

Et parfois le calme

A la surface des eaux

S’étale en souriant

Comme un rayon de soleil

Avant tempête et saccage

 

Dans l’indifférence

D’un univers sans limites

Sans rapport à rien

Nous jouons en solitaires

Notre chanson dérisoire.

 

              

                     GUY

  

1

Appellent-ils « Guy »

Celui qui vit, qui respire

S’agite en tous sens

Mais qui donc est « Guy », sinon

Le beau nom de leur désir ?

 

Pourtant la musique

De ce mot doux, insistant

Comme un chant d’oiseau

Appelle à je ne sais quoi

Et chante à je ne sais qui.

 

 2

Sentir sans penser

Le parc au matin frivole

Les trilles du merle

La peau vibrant comme feuilles

Toute surface en éveil,

 

J’ai envie de danser

Comme les feuilles dans l’or

Bleu de la lumière

M’enraciner comme une algue

Soumise au flux de la brise.

 

3

Je rêve d’un ange

De lumière et de beauté

Sa main me fait signe

La musique de sa voix

Apaise la peur des nuits,

 

Et loin de ce monde

De pics, de rocs et d’abîmes

Je flotte léger

Bercé de doux alizés

Sur l’océan des nuages.

 

4

 

Beauté ma divine

Beauté de mon désespoir

Beauté de mes rêves

Notre illusion s’idolâtre

Dans l’enfer de nos miroirs !

  

5

C’est tout autre chose

Quelque chose d’inquiétant

Qui n’a pas de nom

Une oppressante lourdeur

Qui me laboure le cœur.

 

Pauvre soleil d’est

A moins que ce soit d’ouest

Entre deux trois noirs

Un monde mou, flou, flasque

Déchiqueté de bourrasques

 

L’image s’estompe

Toute réalité s’estompe

Je suis en exil

Dans un désert vacillant

De sel, de neige et de suie.

 

6

Quelque fois je sens

Le vertige me saisir

De la tête aux pieds,

Un tourbillon spasmodique

Me fiche dans un trou noir.

 

Dans ce fond sans fond

Seuls me retiennent encore

L’amour de l‘épouse

Le sourire de Bouddha

La musique de Mozart.

 

7

Au bord du cratère

Bouche béante et bouillante

Arrête le geste !

Regarde le feu s’éteindre

Tout doucement dans ton cœur !

 

8

Entre terre et ciel

Je suis debout, vacillant

Je cherche mon centre

Je ne vois rien que le vide

Indicible et silencieux.

 

Lentement je glisse

Loin du temps et de l’espace

A la source même

D’avant toutes les paroles

Et du silence lui-même.

 

Je suis en exil

Dans un inter-monde blême

Tout m’est étranger

Et plus encore moi-même

 

Fleur ou moisissure

Gastéropode ou rhizome

Croupissant au sol

Je ne sais plus qui je suis

Je me suis perdu moi-même.

          

 

             LE CŒUR ANTIQUE

 

 

Etranger qui passes

Toi qui voudrais tout connaître

Ici arrête-toi !

 

Le vaste univers

Et les profondeurs de l’âme

Gardent leur secret.

 

Laisse donc agir

La grande force des choses

Qui te nourrira.

 

 

                LA VOIX

 

Volant comme Icare

J’ai voulu la connaissance

Je me suis brûlé.

Pourquoi ai-je envie de rire

Dans le soleil du matin ?

 

 

                 GUY

 

Le temps s’est défait

Hier et demain sont des songes.

Je choisis l’instant

Qui glisse, roule et s’écoule

Toujours présent !

 

De longs moments je m’assois, je médite

Je rêve, je me laisse glisser

J’oublie le temps, j’oublie la vie

Je m’abandonne en résonance

A tout ce qui résonne et vibre, et qui jaillit !

 

Du fond de ce songe

Emergent comme des fleurs,

Les mots, les mots inouïs

Qui m’enchantent, qui m’enivrent

De divine poésie !

 

 

               LE CHŒUR MODERNE

 

 

Rien ne naît de rien

Tout existe de toujours

Sans début, sans fin.

Nous passons comme un éclair

Dans le grand vide éternel.

 

Sans cause ni fin

Dans l’indéfini du temps

Tout tourne et retourne

Dans le grand vide éternel

Voltigeant et transitant.

 

Qui donc sommes-nous ?

Hélas, qui donc sommes-nous 

Dans cet opéra

Dément, fumeux, fabuleux

Ce vide vertigineux ?

  

                  GUY

  

1

Merveilleusement

Dans la douceur du matin

Goûter la lumière

A travers le corps entier

Répandue comme du miel

 

Je me sens relié

Aux poètes du passé

A tous ceux qui surent

S’enivrer de la beauté

La chanter malgré leur peine.

 

2

Je sens la folie

Toute proche, qui me frôle

De son aile noire,

Mais l’oiseau de liberté

M’enlève vers l’infini

 

Et de ces orages

De ces nuées emmêlées

Jaillit par instants

Une joie inexplicable

Qui me ravit tout entier

 

Comme un nouveau-né

J’écarquille tous mes sens

Je vibre, je tremble

Quelque chose me submerge

Que je ne pourrais nommer.

 

3

Comme dans un rêve

Une réincarnation

Entre les deux mondes

J’ai fait un voyage étrange

Fastueux et terrifiant

 

Ni mort, ni vivant

Erratique et fantomal

Déterrant les morts

J’ai scruté les sarcophages

Fait parler les trépassés.

 

Difficilement

Je reviens à la lumière

Les yeux tout gâtés

Titubant comme un ivrogne

Tout hagard sur les pavés.

 

Qu’ai-je donc trouvé ?

Aucun savoir, nul trésor

Rien que je ne susse

Sinon que je suis vivant

Et que je le suis encore.

 

Refermant les tombes

Et m’éloignant à jamais,

Et seul désormais,

Je rends les morts à la mort

Je tends une fleur au soleil.

 

            LE CHŒUR MODERNE

 

On naît, on souffre, on meurt

Parallèlement, solitairement

Comme des gouttes de pluie.

 

Parfois on se rencontre

Fleurit alors un arc-en-ciel

Fleur éphémère dans le ciel.

 

S’il n’est aucun espoir

De changer la destinée

Que l’art, du moins, nous élève

Dans la noblesse et la beauté !

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