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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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6 novembre 2020

ECARTELEMENTS VII - VOIX d' OUTRE LIMBES - Poésie 15

 

              VOIX D’ OUTRE LIMBES

 

 

J’entends la voix, du fond des âges lourds, la voix

Qui monte, qui descend, catapulte

Torrent d’avalanches femelles !

 

Spectre de voix, écroulement baroque, cruel théâtre

Ton flamboiement Shakespeare !

Plus de centre ! Cinq milliards de soleils m’écartèlent

Et tout croule, tout flambe, se révulse, agonise.

 

Ah qui suis-je, mon bel amour

Dans ce buisson de cri, de sang

Où j’exulte, où j’expire ?

 

 

Non, je n’existe pas

Le moi est un leurre blanc dans le regard d’un dieu qui n’existe pas

Une image dans le regard d’un autre qui n’est rien qu’une image

Et les images se télescopent dans le vide

Images de rêve

Mais nul ne rêve ce rêve

Le rêve est le rêve d’un rêve que nul ne rêve

Comme la surface d’un lac très clair

Qui reflète le ciel

Et le ciel reflète l’eau du lac

Et personne n’en sait rien

Et le promeneur qui contemple les reflets

Lui-même est reflété

Et le ciel et le lac n’en savent rien

Nul ne sait rien de rien.

  

                        Plus d’Autre

                        Plus de dieu

                        Plus de moi

                        Plus de corps

                        Fichtre,  que reste-t-il, pour vivre ?

                        Que reste-t-il ?

 

Le sujet c’est le trou dans la phrase

C’est le désir du mot qui manque

Qui trébuche, qui tourne et fourche sur la langue

Mais ce n’est jamais tout à fait ça

Jamais le mot exact, définitif

Celui qui dirait l’être

C’est un mot pour un autre

A demi-mot le mot qui manque

Le mot du manque.

 

Evanescent, fluide et baladeur

Erratique et frondeur

Tel il est le sujet

Le toujours à venir, le toujours déplacé

A soi-même inconnu,

Glissant de mot en mot

Amant de toutes les images

Et les récusant toutes,

Amphibie, idolâtre, hérétique

Fidèle et sans patrie

Mortel infinitif.

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Commentaires
J
S'il y a un lac légendaire que je préfère entre tous, c'est celui où une Dame garde l'épée Excalibur... J'ai lu les Sonnets de Shakespeare, un ravissement des plus agréable.<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis abonné par gmail à "Pensée du Jour" (que je reçois en pleine nuit). Voici celle que je viens de recevoir...<br /> <br /> <br /> <br /> Ce qui surprend le plus chez l’homme occidental c’est qu’il perd la santé pour gagner de l’argent et qu’il perd ensuite son argent pour récupérer la santé. A force de penser au futur, il ne vit pas le présent, donc il ne vit ni au présent ni au futur. il vit sa vie comme s’il ne devait jamais mourir et il meurt comme s’il n’avait jamais vécu. – (Dalaï Lama).
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E
Étrange, en lisant votre poème, dans ce "mortel infinitif", je voyais l'infinitif "être" et c'est à cet infinitif que je pensais lorsque je dis qu'il empêche de "vivre"...
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G
Pour moi, tout au contraire, l'infinitif est le signe de l'indépassable paradoxe : vivre en mortel - vivre de se savoir mortel - dans l'ouverture infinie, c a d sans fermer quoi que ce soit avant le terme.
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E
Je trouve le dernier vers très percutant : "Mortel infinitif." Tout est dit, tout est suggéré. C'est sans doute ce mortel infinitif qui empêche de vivre...
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D
La quatrième strophe (avec le lac) est magnifique, très métaphysique, très profond. Beaucoup de choses sont dites ici en quelques vers...
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