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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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7 novembre 2020

ECARTELEMENTS VI : ADIEU CATHARES - Poésie 15

 

 

 

                      ADIEU CATHARES

 

                                                                         Moi aussi l’Autre me manque

                                                                         Mais le temps jamais.

 

 

La chair est la vérité même

Oh ne t’inquiète plus de tes pensées

Ce ne sont que buées.

 

Dans tes rêves passent quelquefois des anges

Et parfois tu te vois toi-même

Affublé comme un arlequin

Avec un chien de cirque, un éléphant rose

Un dauphin – sourire hollywoodien,

Ta femme te fait des crocs en jambes

Un chameau, sur la viole de gambe

Lancine un air très démodé,

Un singe bleu fait des claquettes

Et tu voudrais baiser lune d’or en été !

 

Ah n’être que soi, rien que soi

Ce petit tas de peau

Avec au centre un œil en trop

Qui voit, qui ne voit pas

Un petit moi sans importance

Qui va, qui va

Jouer le jeu, et sans y croire

Un œil dehors, un œil dedans

Oblique

Irrévérencieux

Inconsolable d’être né

A jamais différent !

 

Je suis une passoire

Mon corps coule de tous ses pores

Le corps est une nébuleuse

Une méduse flasque entre deux eaux

Qui s’effiloche

Un poulpe alternatif

Intermittent

Déturgescent

Evanescent

Ni tout à fait mort

Ni tout à fait vivant.

 

                      Ne rien tenir

                      Glisser

                     Et vogue la galère

                     Le temps comme la mer

                     Sans rien finir

                     Danse l’éternité amère   

 

      L’illusion c’est de vivre par l’Autre, dans l’Autre, magiquement redoublé dans conscience de l’Autre. Reflétée dans le miroir divin l’existence prendrait comme un relief de nécessité.

      La véritable solitude, celle qui est vie en vérité, prélude dans l’évidence catastrophique : l’Autre n’est pas, le miroir est brisé. Rien ni personne ne pourra recoudre ses morceaux. Les instants ne s’ajoutent pas, ne se cumulent pas. Chaque instant passe, unique, happé par le néant.

      On imaginait la vie comme l’édification d’un château. Pierre à pierre on construisait l’avenir. A la fin le château était solide, définitif, inébranlable comme les Ecritures.

      Petit bémol : on oubliait la mort.

 

Ce château dit cathare

On croyait qu’il tiendrait très longtemps

Les croisés l’ont brûlé

Avec femmes et enfants

Et nous les cathareux

Cataractiques, calamiteux

Nous allons le chemin de la perdition

Rien n’y fait rien n’y change

Nous allons.

Nulle part de point fixe

 De borne pour arrêter le temps

 Sage ou fou, faible ou puissant

 Nous glissons indistinctement

 Rien n’arrête le temps.

 

 J’ai rêvé d’un grand livre que j’écrirais, c’est sûr

 D’un château de savoir

 Toit du ciel, profondeur de la mer

 Sagesse de tous les temps

 Définitif, plus vrai que moi, plus haut, plus fort

 Double miraculeux

 Miroir intempestif

 Mais les mots passent comme les gouttes

 Les mots, toujours les mots

 Mots passés, mots passoires

 Usés, désemparés

 Fantômes de branloire.

 

                       Mais la beauté merveilleuse de ton sourire

                       Ta lumière, ô Bouddha !

                       Tu ne dis rien, tu n’expliques rien

                       Ton regard glisse sur les eaux

                       Comme un peu d’eau

                       Dans la clarté du ciel jumeau !

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Commentaires
D
Définitivement j'aime la musicalité de cette série de poèmes intitulée "écartelements". C'est une musique pour l'âme.
Répondre
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