ECARTELEMENTS III - IVRE COEUR- Poésie 15
IVRE CŒUR
Mon cœur se serre de désir
Parfois on dirait qu’il va s’arrêter
Cela fait comme un grand trou dans la poitrine
Ça bouillonne, ça enfle, ça tourbillonne
Et puis ça se déchire
J’ai peur et j’exulte
Je me sens vivant, exaspérément
Et je me dis : je m’en fous de crever, ici maintenant
Ou dans mille ans
Le temps ne fait rien à l’affaire
Je me vis sur le tranchant de la vie
Au plus vif de la vie
La mort tu t’en fous comme de l’an quarante
Ce qui compte c’est la brûlure d’un désir tout neuf
Tout beau
Croustillant comme un bon pain frais
Exultant comme une madeleine d’amour
Plein de péché, tout humide, matricide
Arc-tendu, arc-bouté
Ejaculant !
Il me semble parfois marcher le sexe en avant comme une étrave
Je fends la foule à flots
J’écume des paquets de désir brut
Je suis tout génital
Tout en rut
Je m’enfonce dans la foule avec des « hans »
Hantise d’un monde tropical, magdaléen, reptilien
J’étais, c’est sûr, un dynausaure très méchant
Des chats crevés hurlent encore dans mon sang
J’étais un pharaon épileptique
Des relents d’inceste et de meurtre bouillonnent dans mon sang
Je danse le sabbat chaque nuit
Et mon jour est un incendie !
Pour le moment
Je suis assis à la table d’un bar et je fume ma pipe
Tranquillement, je regarde les gens passer,
Ah que serait la vie sans la folie
Et le désir sans l’interdit !
En te quittant j’ai perdu mon amour
Akhesa, mon amour, toute belle
Ah comment t’oublier
Naissance et mort mêlées
Ton sourire de grande épouse royale
Gardienne de tombeaux
Soleil de sang, soleil de feu, soleil-blessure
Tu hantes les jardins de mon cœur
Aller-retour
Retour-aller
Cela fait encore un tour
Un tour de trop, un tour d’amour
Mais vient le fatidique jour
Nouvel an, nouvel âge
Sceptre du grand partage.
Dans le cercueil tout blanc de mon passé
Toute je t’ai couchée
Ma poupée russe, mon idylle
J’ai fermé le grand sarcophage
A double tour mon amour,
Je t’ai jetée dans les eaux du Nil
Tu glisses dans le fond des âges.
Aller-retour
Retour-aller
Il faut couper
Boucler la boucle
Et déboucler
Prendre virage.
J’ai tout laissé sans aucun reste
Et mes pensées sont incertaines
Mais le cœur est vaillant
Finies rengaines
Cap à l’ouest, vive le vent.