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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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9 novembre 2020

ECARTELEMENTS III - IVRE COEUR- Poésie 15

 

 

             IVRE CŒUR

 

                      

Mon cœur se serre de désir

Parfois on dirait qu’il va s’arrêter

Cela fait comme un grand trou dans la poitrine

Ça bouillonne, ça enfle, ça tourbillonne

Et puis ça se déchire

J’ai peur et j’exulte

Je me sens vivant, exaspérément

Et je me dis : je m’en fous de crever, ici maintenant

Ou dans mille ans

Le temps ne fait rien à l’affaire

Je me vis sur le tranchant de la vie

Au plus vif de la vie

La mort tu t’en fous comme de l’an quarante

Ce qui compte c’est la brûlure d’un désir tout neuf

Tout beau

Croustillant comme un bon pain frais

Exultant comme une madeleine d’amour

Plein de péché, tout humide, matricide

Arc-tendu, arc-bouté

Ejaculant !

Il me semble parfois marcher le sexe en avant comme une étrave

Je fends la foule à flots

J’écume des paquets de désir brut

Je suis tout génital

Tout en rut

Je m’enfonce dans la foule avec des « hans »

Hantise d’un monde tropical, magdaléen, reptilien

J’étais, c’est sûr, un dynausaure très méchant

Des chats crevés hurlent encore dans mon sang

J’étais un pharaon épileptique

Des relents d’inceste et de meurtre bouillonnent dans mon sang

Je danse le sabbat chaque nuit

Et mon jour est un incendie !

 

Pour le moment

Je suis assis à la table d’un bar et je fume ma pipe

Tranquillement, je regarde les gens passer,

Ah que serait la vie sans la folie

Et le désir sans l’interdit !

 

En te quittant j’ai perdu mon amour

Akhesa, mon amour, toute belle

Ah comment t’oublier

Naissance et mort mêlées

Ton sourire de grande épouse royale

Gardienne de tombeaux

Soleil de sang, soleil de feu, soleil-blessure

Tu hantes les jardins de mon cœur

Aller-retour

Retour-aller

Cela fait encore un tour

Un tour de trop, un tour d’amour

Mais vient le fatidique jour

Nouvel an, nouvel âge

Sceptre du grand partage.

 

Dans le cercueil tout blanc de mon passé

Toute je t’ai couchée

Ma poupée russe, mon idylle

J’ai fermé le grand sarcophage

A double tour mon amour,

Je t’ai jetée dans les eaux du Nil

Tu glisses dans le fond des âges.

 

       Aller-retour

       Retour-aller

       Il faut couper

       Boucler la boucle

       Et déboucler

       Prendre virage.

 

J’ai tout laissé sans aucun reste

Et mes pensées sont incertaines

Mais le cœur est vaillant

Finies rengaines

Cap à l’ouest, vive le vent.

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Commentaires
D
Ah c'est malheureusement un style de musique très méconnu, les gens sont abreuvés du degré zéro de ce style (et de la musique en général) à travers les rappeurs médiatisés comme Booba et consorts. Les rappeurs beaucoup moins connus, voire auto-produits, existent en marge et ont, pour certains, une plume très poétique. C'est grâce au rap que j'en suis venu à la poésie et je détestais la poésie à l'école...<br /> <br /> <br /> <br /> D'ailleurs des artistes comme Léo Ferré pourraient être qualifiés de précurseurs du rap et Dieu sait à quel point Léo sait faire chanter les mots.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais bon loin de moi l'idée de vouloir étiqueter un de vos textes. Je l'ai personnellement lu avec un style rap qui lui était très seyant...
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G
Merci chers lecteurs. J'avoue avoir été surpris, je ne savais pas que j'écrivais du rap ! Ma foi pourquoi pas. Ce texte date de plus de vingt ans, d'une époque où le rap n'existait pas. Mais il est vrai que cette sorte de poésie est essentiellement fluide et rapide, une sorte de chant da capella, avec un accompagnement minimaliste. Tout est dans la diction, dans un flux à la fois continu et heurté. Quand j'avais vingt ans j'aurais peut-être apprécié d'écrire du rap, mais dans un style plus sobre que ce qu'on fait de nos jours sous cette appellation, et surtout avec moins de violence. J'aime que l'on garde le souci de la beauté, même dans les expressions triviales : affaire de jugement esthétique, et de mesure.
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E
J'ai la même impression que Dilettante... sauf que je n'aurais pas dit "presque du rap". Un rythme plus rapide, libre, des vers courts, qui semblent bondir, comme un cœur bondissant, éveillé et vif, scandé par quelques accalmies, une surtout : "Pour le moment, je suis assis...". Un rythme qui a l'allure des battements du cœur. <br /> <br /> <br /> <br /> Cette suite poétique "Écartèlements" est très belle, pleine d'amour, ce déchirement.
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J
Juste un petit mot, pour dire que le cœur n'est pas uniquement l'organe qui nous permet de vivre physiquement, mais il est au centre de nos émotions de toutes sortes.<br /> <br /> <br /> <br /> Notre âme se trouve certainement en lui, car il s'affole dès que les émotions prennent de l'ampleur. De nombreuses réactions nous font parler de lui, sans que nous y prêtions attention : "Avoir le cœur sur la main", "Cette personne a bon cœur", "Avoir le cœur tendre ou un cœur d'acier", "Avoir mal au cœur en voiture ou en bateau", "Avoir le cœur solide, face à un chagrin ou un événement", "Agir avec le cœur", "Apprendre par cœur", "Manger aux Restos du Cœur", etc...<br /> <br /> <br /> <br /> La poésie, l'amour, la chanson, l'opéra, le cinéma romantique, qui le mettent en émoi. C'est toujours les ressentis de notre âme qui s'expriment à travers cet organe vital et magnifiquement indispensable pour m'avoir aidé à écrire tout cela. Et pourtant, ce cœur se promène de notre cerveau à nos sens et c'est cela qui fait tout notre Être...<br /> <br /> <br /> <br /> Mon cœur n'est pas resté de marbre, mais il a mis tout son cœur pour parler de ce qu'il a sur le cœur... A aucun moment, ce ne fut un cours de médecine, mais tout ce qui nous aide à vivre avec le cœur dans tous ses états, et je n'ai certainement pas tout dit, le cœur m'y a manqué dans cette improvisation où mon cœur s'est emballé d’enthousiasme.
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D
Wow c'est très impressionnant parce que très différents du reste de vos poèmes et pourtant très chantant. On dirait presque du rap, c'est à dire un langage moins châtié qu'habituellement mais tout aussi poétique, et un rythme plus "parlé".<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis agréablement surpris par cette tonalité. Bravo, essai transformé pour moi.
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