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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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3 décembre 2014

Désespoir de poète : Leopardi

 

 

   

          A SOI MEME    

 

 

   "Or tu domiras à jamais,

   Harassé, mon coeur. Mort est le dernier mirage

   Que je crus éternel. Mort. Je sens bien

   Qu'en nous, des chères illusions

   L'espoir, le désir même est éteint.

   Dors à jamais. Assez

   Lutté ! Aucune chose ne vaut

   De t'agiter, ni de soupirs n'est digne

   La terre. Fiel et ennui,

   La vie, rien d'autre ; fange est le monde.

   Calme-toi, désormais. Désespère

   Pour de bon. A notre genre le sort

   N'a donné que le mourir. Méprise désormais

   Toi-même, la nature, le brut

   Pouvoir, qui, inconnu, commande au mal commun,

   Et l'infinie vanité du tout.                - Leopardi, Chants, 28.

 

Dans cette "traduction" j'ai tenu à conserver le rythme haletant du vers, qui seul exprime le rythme intérieur, et l'ordre des mots, quitte à bousculer l'usage en notre langue. Le poème possède sa propre logique interne, dont il importe de faire sentir la cadence originaire.

Je connais assez bien cette humeur et la partage assez au spectacle du monde tel qu'il va. Mais je ne la cultive pas. C'est déjà bien assez de la sentir, la noirceur de la désespérance, sans y ajouter la complicité de l'âme, et de la pensée. Mais c'est le privilège du poète, et son droit le plus sacré, d'exprimer, en son nom propre, ce qui l'affecte en profondeur, et que nous connaissons tous, pour peu que nous ayons une juste perception de nos mouvements internes. Nous y gagnerons en perspicacité. Reste à voir ce que, en conscience, nous en ferons pour la conduite de la vie.

Juste un mot encore : nous trouvons, dans notre bon Montaigne, que nul ne soupçonnera de mélancolie pathologique, un passage fort célèbre sur "le fient du monde" où nous croupissons tous, loin de la lumière éternelle des astres, et de splendeur de l'Etre.

 

 

     

   

 

 

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Commentaires
O
Et il ne suffit pas que tu endures cette tristesse, cette souffrance, il faut encore que tu les aimes, et que tu respectes tes questions, que tu respectes tes doutes. Ils surviennent, vois-tu, aux sommets de la vie, quand les désirs grossiers disparaissent. La plupart des gens s'agitent sans connaître le brouillard des doutes, l'angoisse des questions. Mais pour qui les rencontre à l'heure juste, ils ne sont pas des bourreaux, mais de précieux visiteurs.<br /> <br /> Gontcharov (Oblomov)
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