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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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22 août 2015

INTERLUDE II

 

 

 

                                     INTERLUDE II

  

 

Il y a je ne sais quoi de doux, d’allègre et de pétillant dans les folâtres matinées de printemps, et seule une exquise joie, une joie primesautière, dansante, batifolante est à la hauteur de cette grâce ! En de tels moments, que faire, si ce n’est caresser la Muse, et chanter ! A vrai dire je n’ai rien à dire, tant me presse le jour et la splendeur du matin ! Je ne puis que rendre grâce au soleil, à la lumière dansant dans les feuillages, à l’activité des hommes et à la beauté des dieux. Quelque chose est plus durable, plus nécessaire, plus vrai que la souffrance et la mort, c’est la permanence du jour et de la nuit, unis dans l’étreinte d’un éternel advenir. Quelque chose continue par delà l’événement, qui n’est que l’écume de la durée, et sous la surface des choses une autre surface s’étale infiniment, ne cesse dé s’étaler, de perdurer, qui porte les apparences, les laissant éclater comme bulles à la surface du fleuve.

Oui, cela continue, et c’est là le merveilleux miracle de la permanence. C’est là mon étonnement quotidien, mon secret savoir, mon énigme : je passe, je ne cesse de passer, et cela continue encore et encore. On me dira que je suis mortel : j’y consens, je le sais, je le crois, mais ne serais-je pas, cela continue sans moi, comme si j’y étais, et, par un mouvement naturel de mon esprit, je puis songer que, n’y étant plus, j’y sois encore… Mon savoir m’élève à cette certitude-là, que j’y serai toujours, alors même que je n’en saurais rien, que mon être fut de toujours, et toujours y sera, inconscient sans doute, mais présent.

Etrange savoir, sans certitude, sans garantie, qui ne vaut pas un kopeck. La raison se moque de telles vaticinations. Elle a raison. Mais le corps, lui, sait que toujours il fut, il est et il sera, comme fut, est, et sera le vaste monde, et que sous des formes inconcevables il était là de toujours, enfoui dans les formes sensibles, inapparent, informe, qu’il prit forme et que cette forme il la perdra encore, emporté dans le jeu des formes, inapparent, toujours présent.

Que je dissolve le moi et ses pompes, que je dissolve la forme du corps présent, et je me sens identifié à l’univers immense, confondu à la course cosmique ; immensément je me réjouis d’être ce rien, ce quelque chose émietté dans la splendeur du Tout.

 

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