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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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6 mai 2014

Du SCANDALE de la VERITE

 

 

Négativement toutes les interprétations se valent en tant qu'elles sont toutes inaptes à saisir la nature du réel : ce sont des points de vue, des projections, des représentations, des images, des symbolisations qui expriment le sujet interprétant et non pas les processus en tant que tels. Dans cette affaire il n'est guère question de vérité, à se demander si la notion même de vérité est valide. La métaphysique de Platon est-elle plus vraie que la fabulation d'un Sioux Oglala? Qui en jugera s'il n'existe aucun critère de vérité, si pour en juger il faudrait pouvoir considérer de haut et en détail la nature des choses et la comparer avec les représentations humaines, en un mot, si pour juger du vrai, il faut déjà connaître le réel en tant que réel, si donc pour vérifier la vérité d'une thèse il faut au préalable connaître la vérité. Cercle vicieux, régression à l'infini. Le vrai ne peut être connu. Il ne peut pas même être tenu pour une idée régulatrice, comme le pensait Kant, il n'est pas davantage un horizon lointain : si nous ne disposons d'aucun critère de vérité il est impossible de sortir de l'incertitude où nous plonge notre constitution somatopsychique.

D'un autre point de vue les interprétations ne se valent pas : le point de vue rationaliste est meilleur que le fétichisme ou l'animisme, en raison de l'efficacité qu'il apporte dans les affaires humaines, science de la nature, technologie scientifique, médecine, production, exploitation des ressources etc. Mais l'efficacité n'est pas vérité. L'efficacité est au service d'un projet de domestication de la nature, d'une volonté de puissance pour le moins ambiguë. Il est patent que ce critère, à lui seul, n'est pas tenable : il ne fournit que des moyens, d'ailleurs colossaux, mais laisse ouverte la question des fins. Quel type de civilisation voulons-nous pour le futur? La question des valeurs, négligée jusqu'ici, devrait passer au premier plan. A la repousser encore nous courons les plus gros risques, fort connus au demeurant, mais obstinément forclos.

Les civilisations sont mortelles, pourquoi? D'abord pour des raisons internes : chaque organisme, individuel ou collectif, est voué, à terme, à la décomposition. Ensuite pour une raison plus secrète, plus difficile à cerner ; la civilisation repose sur un socle de représentations  conscientes et inconscientes, un système adaptatif qui vaut pour un certain mode fini de réalité. Si la réalité change du tout au tout la civilisation est menacèe, sauf à inventer très rapidement de nouveaux outils de connaissance et d'action. Les Amérindiens, dignes survivants de l'âge néolithique, face à des envahisseurs sans scrupule, surarmés et disposant d'une technologie avancée, n'avaient aucune chance. Mais rien ne garantit que notre monde soit plus vivable, à terme, que ceux qui ont précédé.

Les formations mentales et culturelles se suivent et disparaissent dans l'immensité du temps cosmique sans affecter la nature de l'univers. Aussi notre temps à nous n'est-il pas celui du temps cosmique. Il n' y a aucune proportion de nous au Tout, à jamais insondable et mystérieux. Et notre science même, si grandiose dans son principe, si ambitieuse dans ses fins, si discutable dans ses effets ne change rien de fondamental à notre condition. C'est l'opinion de savoir qui est ridicule, non pas la référence à la vérité, si du moins on en modifie radicalement le statut : vérité non d'un savoir, discutable dans son principe, mais de l'obstacle, du skandalon. Le "scandale" c'est que nulle pensée ne peut embrasser le réel, c'est ce hiatus infranchissable entre la représentation ( re-présentation, c'est le mot, retour à l'envoyeur, rétrojection de la projection) et ce dont elle s'imagine rendre compte. Vérité scandaleuse, celle que nul ne désire entendre, et qui s'obstine à faire retour dans les impasses de nos sophistications.

Le scandale, qui fait trébucher, qui mortifie notre suffisance, est en un autre sens l'occasion - ce qui tombe (cadere) à point - Kaïros de l'inexprimable Eveil.

 

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Commentaires
J
La Vérité n'est pas scandaleuse en elle-même, c'est l'homme qui l'utilise à des fins de tromperie scandaleuse envers autrui. Afin d'en tirer un profit personnel. Ainsi, la Vérité devient le pire des mensonges...
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J
Nous devons préconiser le doute, car toute vérité est impossible à atteindre, l’homme étant illusionné par ses sens et contradictoire dans ses jugements. L’ataraxie (qualité d’une personne qui ne se laisse troubler par rien) et l’aphasie (le fait de s’abstenir de parler) sont alors de rigueur pour atteindre le bonheur. – (Pyrrhon).<br /> <br /> <br /> <br /> Manifester la vérité par ses paroles ou ses écrits, en même temps qu’être un homme juste, c’est se condamner à n’être jamais ni entendu, ni reconnu. – (Jean-Jacques Rousseau).<br /> <br /> <br /> <br /> La sincérité est une ouverture de cœur qui nous montre tels que nous sommes ; c’est un amour de la vérité, une répugnance à se déguiser, un désir de se dédommager de ses défauts et de les dissimuler même par le mérite de les avouer. – (François de La Rochefoucauld).<br /> <br /> <br /> <br /> Je dis toujours la vérité, pas toute, parce que toute la dire, on n’y arrive pas, les mots y manquent. C’est même par cet impossibilité que la vérité tient au réel. – (Jacques Lacan).
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J
1 – Présentation de la Vérité<br /> <br /> <br /> <br /> La Vérité est la connaissance authentique, fondée sur la concordance de la pensée avec la réalité. En logique et en mathématiques, le terme se rapporte à la cohérence des propositions entre elles et avec les prémisses et les axiomes posés préalablement ; en science, il s’applique principalement aux énoncés vérifiés expérimentalement ; en éthique et en politique, il renvoie aux positions conformes à des valeurs telles que la justice et la sincérité ; dans le langage courant, il est utilisé le plus souvent dans ce dernier sens.<br /> <br /> <br /> <br /> Comment un discours – philosophique, scientifique ou autre – peut-il accueillir la vérité, qualifiée d’inaccessible selon certains penseurs, et pourquoi est-elle nécessaire dans les rapports que l’Homme entretient avec autrui, telles sont les questions qui révèlent les enjeux de ce concept.<br /> <br /> <br /> <br /> 2 – Rapport avec la réalité<br /> <br /> <br /> <br /> Une attitude qui revendique pour elle-même une vérité qu’elle est incapable de démontrer est propre au dogmatisme. En se référant à des personnages historiques qui acceptèrent de mourir pour la Vérité dont ils considéraient être les détenteurs, Nietzsche affirma que « la croyance forte ne prouve que sa force, non la vérité de ce qu’on croit » (Humain, trop humain, 1878).<br /> <br /> <br /> <br /> Socrate récusa le dogmatisme qu’il jugeait à la fois prétentieux car fondé sur des convictions qui ne peuvent être étayées que partiellement, insensé car motivé par la faiblesse intellectuelle et morale du sujet et enfin dangereux car les dogmatiques glissent facilement vers le fanatisme, donc vers l’acceptation, voire la recherche de la mort non tant de soi que de l’autre. « Je sais que je ne sais rien », telle fut l’une des devises philosophiques de Socrate, qui illustre que la critique du dogmatisme, comme chez David Hume au XVIIIe siècle, débouche souvent sur le scepticisme, doctrine selon laquelle l’Homme est incapable d’accéder à des connaissance sûres, ou conduit au relativisme, doctrine pour laquelle il n’y a pas de vérité – « tout se vaut, tout peut être affirmé ».<br /> <br /> <br /> <br /> Le conflit sur la Vérité entre le dogmatisme, le scepticisme et le relativisme tient au fait que ces doctrines conçoivent la vérité comme un être (voire comme un Dieu), confondant par la Vérité et réalité. Or, comme le note Heidegger dans « l’Essence de la Vérité » (Questions I, 1943), une chose n’est pas vraie ou fausse, mais elle est réelle ou irréelle. Avant lui, Aristote dans sa Métaphysique ainsi que Spinoza dans ses Pensées métaphysiques (1663) affirmaient que la vérité est la caractéristique d’un rapport : seuls une proposition, un énoncé, un jugement peuvent être dits vrais, faux ou indécidables.<br /> <br /> <br /> <br /> 3 – Typologie<br /> <br /> <br /> <br /> Il existe plusieurs critères selon lesquels on peut qualifier de vraies des propositions. La caractérisation de la vérité n’étant pas univoque, il convient de distinguer deux types de Vérité.<br /> <br /> <br /> <br /> Une proposition mathématique est vraie si elle est en cohérence interne avec les autres propositions du système dans lequel elle est formulée ; elle doit donc être déduite logiquement « à partir des prémisses posées arbitrairement par les axiomes », selon l’Architecture des mathématiques (1948), ouvrage signé par Nicolas Bourbaki.<br /> <br /> <br /> <br /> Or, des systèmes mathématiques peuvent s’appuyer sur des axiomes différents, voire opposés, comme les géométries d’Euclide, de Lobatchevski et de Riemann. En conséquence, une proposition peut être vraie dans un système et fausse dans un autre, parce que, dans un cas, elle est en cohérence interne avec le système, dans l’autre, elle ne le serait pas. L’axiomatisation et la formalisation des mathématiques mises en œuvre aux XIXe et XXe siècles ont fondé cette conception de la Vérité.<br /> <br /> <br /> <br /> En revanche, dans les sciences expérimentales, une proposition est vraie quand elle permet de rendre compte des phénomènes étudiés. D'une cohérence interne, exigée en mathématiques, l’on passe à une correspondance externe, requise en physique par exemple ; plus exactement, la Vérité expérimentale se définit à la fois par la correspondance de l’hypothèse avec les résultats de l’expérience et, bien sûr, par la cohérence de cette hypothèse avec l’ensemble de la théorie dans laquelle elle prend sens. L’épistémologie de Gaston Bachelard indique également que l’histoire des sciences est ponctuée de révolutions et de « coupures épistémologiques » : Galilée fut dépassé et dialectiquement nié par Newton qui, à son tour, fut dépassé et dialectiquement nié par Einstein ; en conséquence, une loi qui est vraie dans la théorie de Galilée, ne l’est plus dans celle de Newton. Les apparents paradoxes – au regard de Newton et de l’expérience commune – des propositions einsteiniennes à propos de la relativité deviennent des propositions vraies au sein de la théorie d’Einstein. Les thèses épistémologiques de Bachelard, mises en chantier à propos de la physique et de la chimie, sont généralisables à toutes les sciences expérimentales et donc aussi aux sciences humaines.<br /> <br /> <br /> <br /> En sciences expérimentales comme en mathématiques, pour des raisons différentes, la vérité d’une proposition est donc relative au système dans lequel elle s’inscrit.<br /> <br /> <br /> <br /> J'ajouterais que souvent, la Vérité importe peu ! Elle reste dans son authenticité et n'intéresse presque personne. Par contre, le scandale, la rumeur possèdent tout le succès qu'on leur connait. Car, ils ne font pas penser, mais parler. Et, qu'importe s'il y a quelque chose de vrai dans ce qu'ils rapportent. Spinoza appelle cela, le ouï-dire. Ce bouche à oreille qui parfois peut faire beaucoup de mal à autrui, en étant l'opposé de l'idée vraie.<br /> <br /> C'est pourquoi j'ai voulu présenté ce texte de vulgarisation, afin de faire connaître encore mieux la Vérité souvent trop fragilisée par son contraire. De l'Antiquité à aujourd'hui, on n'a toujours pas terminé de parler de la Vérité et comme il m'est déjà arrivé de le dire, nous avons un grand besoin de nous approcher de la Vérité, c'est un absolu. Cela, afin de nous rapprocher au mieux de la réalité divine. Ainsi, peut-être atteindrons-nous la réalité de toute base de l'éthique humaine...
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