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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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28 avril 2014

EXISTENCE et VACUITE : Shunryu SUZUKI

 

 

"Nous disons que la véritable existence vient de la vacuité et retourne à la vacuité. Ce qui surgit de la vacuité est la véritable existence. Nous devons passer par la porte de la vacuité" (Shunryu Suzuki : "Esprit Zen, esprit neuf p 140, Points Sagesses).

Mais il est fort difficile de dire en quoi consiste la véritable existence. Ce qui est sûr c'est qu'il ne s'agit en rien de l'existence conçue comme réalité substantielle, stable et permanente. Ce n'est pas une essence éternelle. Il n' y a rien de stable et d'éternel, c'est l'alpha et l'oméga de la pensée bouddhique : impermanence de toutes les choses, physiques, psychiques ou culturelles. Si on dit qu'elles existent, elles existent sur le mode du passage, venues du rien et retournant au rien. Le rien c'est le sans-forme, l'indéterminé, le non concevable, le fond sans fond de toute réalité. Ce qui signifie qu'il faudrait être sans idée préconçue, sans dogme et dans croyance. Ne croire en rien, ne s'attacher à rien dans le monde. Non qu'il faille tomber dans un nihilisme obscurantiste, et déclarer que rien n'existe - ce qui est en soi contadictoire puisqu'il y a un sujet qui, existant, déclare qu'il n'est pas - mais se tenir dans cette vérité paradoxale d'une existence en mouvement, surgissant et s'évanouissant d'instant en instant, perpétuellement jaillissante et disparaissante, figure indépassable de la permanente impermanence. En d'autres termes, mais tout aussi rigoureusement : se tenir à l'orée de la manifestation, au plus près du surgir, et dans ce surgir sans intention, goûter "l'étonnant et merveilleux existant".

Suzuki : "J'ai découvert qu'il est nécessaire, absolument nécessaire de ne croire en rien. C'est à dire : nous devons croire en quelque chose qui n' a ni forme ni couleur - quelque chose qui existe avant l'apparition de toute forme et de toute couleur". Ce rien est un rien par rapport à toute conception positive ou négative, un rien de pensée, un trou dans la pensée où se défait toute représentation, tout concept, jugement ou image, mais ce n'est pas pour autant un néant, une destruction de la pensée (ce qui est d'ailleurs impossible), c'est la position de silence conceptuel, accueil de ce qui surgit spontanément, puisqu'il est de la nature des choses de surgir perpétuellement, selon une forme, un contour, une couleur, une existence définie. La forme vient du vide et y retourne, une autre forme apparaît et disparaît, indéfiniment. Et la forme est encore une sorte de vide, sans pour autant ne pas être. Si nous parvenions à coïncider avec ce mouvement, et au milieu de l'illusion établir le calme du coeur, la souffrance disparaîtrait.

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Commentaires
D
La vacuité, c'est aussi la Vie absolue, la conscience absolument vivant où tout s'origine - cf vue du shentong (vide = vide d'autre que soi). Vous ne faites ici qu'exposer la vue inférieure du rangtong (vide = vide d'existence intrinsèque). A mettre en rapport avec votre post sur le désir absolu. Ce désir n'est pas comblé dans la mort ordinaire mais dans la vie absolue, qui n'est atteint que dans la claire lumière de la mort (résorption dans l'Etre absolu). Claire lumière qui n'est jamais atteinte par la conscience ordinaire, qui perd conscience bien avant (la mort est donc manquée pour presque tout le monde)... Pour autant, c'est une possibilité.
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J
L’homme est la mesure de toutes choses, de l’existence des existants et de la non-existence des non-existants. Rien n’est ; ou si quelque chose est, on ne peut pas le connaître. – (Protagoras).
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G
Dans mon texte la vacuité ne désigne pas le néant mais le fond sans forme dont procède toute existence.
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J
Déjà, le Christ, Dieu-philosophe par excellence, a dit : "Tu es poussière et tu retourneras en poussière". Donc, notre existence vient du néant et retournera au néant à notre mort. C'est l'itinéraire inévitable de notre existence. C'est en quelque sorte, notre écosystème humain ! Aujourd'hui, nous pourrions dire : "Marque d'engrais est ton destin". Lorsque le mot fin de notre existence s’inscrira sur l'écran de notre existence, la vacuité ne pensera uniquement à cela et nous ne pouvons rien faire d'autre.<br /> <br /> <br /> <br /> Nous venons, nous existons et nous mourrons. De plus cette vacuité ne nous permettra même pas d'assister à nos obsèques ! Et oui, vous vous voyez vous dépêcher de faire notre nœud de cravate, tout en regardant votre montre de peur d'arriver en retard à votre enterrement ?<br /> <br /> <br /> <br /> A chaque anniversaire, nous avons l'habitude de dire : "Ça fait une année de plus". Alors que nous devrions dire : "Ça fait une année de moins"... Nous ne venons pas au monde pour nous inquiéter de ce que nous allons faire de notre existence, il y a tellement de chemins à suivre, que le hasard n'en fait qu'à sa tête. Cette grande porte ouverte sur l'existence, devient très étroite. Il nous est permis de ne faire confiance qu'à ce compte à rebours qui se met en route, dès le moment de notre naissance.<br /> <br /> <br /> <br /> La vacuité nous guette et intervient parfois, avant l'heure de faire le bilan de notre vie, un mauvais rhume est si vite attraper... Elle ne nous laisse parfois même pas le temps de penser : "L'ai-je bien accomplie ?". Il ne nous reste plus rien à penser à ce moment précis ! L'existence a bien peu de chance de dominer la vacuité comme elle le voudrait...<br /> <br /> <br /> <br /> Nous savons qu'il en est ainsi pour l'être humain (je n'aime pas dire l'homme). Mais, pour les animaux qui sont seulement armés d'un instinct et les objets, les plantes et tout ce que nous pourrions encore énumérer, ne pense pas. Se contentant dans son existence de se nourrir, procréer ou dominer.<br /> <br /> <br /> <br /> Oui, nous dominer comme un animal familier qui n'a qu'une idée : "Mordre le facteur" ou ce satané chiendent qui veut envahir notre gazon et, qui n'a pas pester contre la taupe qui invertit peu à peu notre beau jardin. S'il est philosophique, elle fera demi-tour pour aller dans celui...d’Épicure par exemple !<br /> <br /> <br /> <br /> Moralité : "Je suis venu, j'ai vu, j'ai vécu et je suis reparti dans mon tas de poussière. Et de plus, par la grande porte" !
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A
J'ai plus ressenti votre texte plutôt que compris, mais je l'ai lu avec intérêt .<br /> <br /> Merci pour vos écrits !!!<br /> <br /> A bientôt de vous lire encore !!!
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