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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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14 janvier 2014

QUE LA JOIE DEMEURE!

 

 

Décidément, la joie est bien autre chose que le plaisir! Si l'on me pressait de m'expliquer je dirais ceci : la joie apparaît, et se renforce et se fortifie dans le sentiment interne, et intense, de sentir, de penser et d'agir en conformité avec sa propre nature, ou, si l'on veut, selon son désir, vécu et affirmé comme loi intime de son être. Ce que j'appelle de longtemps le Daïmon. "Le style, pour l'homme, c'est le daïmon" (Héraclite). Le style : manière d'être, génie personnel, expressivité subjective, vérité concrète et sensible, dans la pensée, dans l'habitus, et dans l'action.

Nous sommes joyeux quand nous agissons selon notre propre nature, exprimant librement les potentialités qui sont en nous, et qui trouvent enfin une modalité idoine, irréductible, personnelle pour se manifester au grand jour.

La joie c'est la disposition active, qui, rejettant dans l'ombre de l'oubli les déterminations anciennes et héritées, se fraie le chemin de sa propre affirmation, se risquant dans l'ouvert d'une ouverture infinie.

Cela est indicible, comme est la Beauté. Aussi la joie est-elle toujours belle, inconnue de la bête de troupeau, et du normopathe. Il n' y a de beau que dans l'aventure et l'ouverture. C'est pourquoi la joie est libre, et se reconnaît dans la démarche libre du créateur.

Que l'on me permette d'entonner, à l'antique, un poème à la joie :

 

   "Dans l'entre-deux de la terre et du ciel, se tient

   L'homme, et son daïmon le conduit sûrement, tout au long,

   Comme les fleuves il trace son sillon par la plaine

   Risqué dans la lumière, et l'ombre des forêts, les orages du ciel.

   Il ne sait où il va, mais il va, en poète il agit son chemin

   Abandonnant bientôt les huttes de fortune, les chemins apprivoisés

   Pour de nouvelles routes de hasard, jusqu'à ce qu'enfin la mer

   Accueille le migrant sans reste en son sein immortel".

 

Si le plaisir est souvent de circonstance, en ce qu'il suppose un rapport de congruence entre l'organisme et l'objet satisfaisant, rapport fragile et menacé, la joie, quand elle existe, se soutient de soi-même, s'il est patent qu'elle n'a pas d'objet défini ni identifiable, sans cause assignable si ce n'est la disposition interne d'un sujet qui tire de soi la puissance d'exister et de se poser dans le monde - fût-ce le monde du rêve, ou, comme dit Platon, dans le délire mantique, prophétique, érotique ou poétique. Aussi la joie est-elle hors contexte, je veux dire toujours en excès, et, de quelque manière, "extatique".

Quelques-uns sont des hypomaniaques, des oligophrènes, des fous bienheureux. Il arrive qu'on envie leur béatitude. Mais plus beau est de trouver en soi, sans illumination, les ressources sensibles et intellectives d'une paisible et durable allégresse. " Ce qui est beau est difficile autant que rare"(Spinoza).

 

 

  

   

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Commentaires
A
Là où il n'y a pas d'amour, il n'y a pas de joie .<br /> <br /> Annie Perini
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J
Apprends de quoi te réjouir. (Sénèque)<br /> <br /> <br /> <br /> L'amour d'une chose éternelle et infinie nourrit l'âme d'une joie pure. (Spinoza)<br /> <br /> <br /> <br /> On n'est heureux, qu'avant d'être heureux. (Jean-Jacques Rousseau)<br /> <br /> <br /> <br /> C'est beaucoup pour nous, de n'être pas longtemps dans un état triste. (Voltaire)<br /> <br /> <br /> <br /> La gaieté est l'argent comptant du bonheur. (Schopenhauer)<br /> <br /> <br /> <br /> Comme ça se voit, je viens d'acquérir quelques nouveaux livres de philo. Mais il y a une question à se poser, la joie découle-t-elle du bonheur ou est-ce l'inverse ?
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G
Carrramba ! Que j'aimerais rencontrer cet hurrluberrlu d'alsacien tonitrruant hispanisant rrroulant les rrr comme un carrrabinier de la Rioja Colorrrada!
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H
Parfois, dire le minimum, Jean Claude, suffit.<br /> <br /> Si je dis" juste et beau", c'est que cela est et que je m'en réjouis. Il m'arrive de m'étendre davantage, et vous pourrez le constater en faisant quelques pas en arrière si le cœur vous en dit. Ceci étant, j'aime l'épure....
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Y
Pour reprendre et prolonger les deux premiers commentaires : "très juste ce très beau texte".<br /> <br /> Il flirte avec la thématique de la liberté. Rompre avec la servitude sociale et aussi être présent à soi-même, disponible à l'instant précieux de sa propre vie, en cohérence et cohésion avec soi-même...Toute une démarche toujours et encore à parcourir, but jamais véritablement atteint, toujours à poursuivre. Être sa propre cible, vraiment ce texte est très puissant, fondamental et il convient d'y revenir comme une sorte de lueur à suivre lorsque les ténèbres nous gagnent ; il nous aide à nous remettre sur le juste chemin.<br /> <br /> Merci Guy, ce texte est précieux et éclaire bien le "Daïmon" . <br /> <br /> Suivre le vif.<br /> <br /> <br /> <br /> Me Compañero Alain écrit ceci :<br /> <br /> <br /> <br /> "Immobile ... presque immobile<br /> <br /> Au bord de l'inutile<br /> <br /> Avoir froid, avoir soif... être sa propre cible.<br /> <br /> <br /> <br /> Être là, sans bouger...à recueillir la pluie,<br /> <br /> Juste à ne pas crier, juste à ne pas pleurer.<br /> <br /> Juste à ne pas renoncer, ne pas se dérober.<br /> <br /> <br /> <br /> Et ce froid qui s'obstine,<br /> <br /> C'est comme une prière?.. C'est comme un cimetière?<br /> <br /> ... C'est comme une racine.<br /> <br /> <br /> <br /> Être seul... et le savoir vraiment."
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