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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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9 janvier 2014

TRAITE DE RESISTANCE

 

 

Comment résister au Moloch? C'est la vraie question de notre temps.

Mais le Moloch, c'est quoi? Un lecteur de ce blog ne se pose pas cette question, il sait d'emblée de quoi il s'agit. 

Face à un tel adversaire que peut-on faire? Sûrement pas se battre avec les armes dont il a la parfaite maîtrise. Alors quoi? Il n' y a qu'une manière de résister, c'est d'exister.

Exister c'est se tenir dehors, en dehors : ex-sistere. Plus exactement encore, suivre sa propre voie, naturellement, nativement, naïvement, selon sa propre nature, sans se laisser détourner, séduire (séduire c'est conduire de côté). Epicure disait justement : ek-khorèsis, en dehors du choeur public de l'affairement universel, dans la juste stature d'une juste distance. C'est pourquoi la pensée est nécessaire, qui fonde la juste évaluation des choses et l'action juste. Justesse et justice : c'est la loi, entendue dans son sens fondateur, qui établit la distance, la séparation et l'ordre de la singularité active.

Il n'est pas nécessaire de se battre. Remarquons en passant l'étrangeté de se mot : se battre c'est d'abord s'infliger à soi-même une blessure, s'affliger, se mortifier, et secondairement lutter, combattre. C'est dire que toute lutte implique une souffrance à soi-même infligée en même temps qu'à l'adversaire. C'est le paradoxe de la position réactive : si je réagis je souffre autant que je fais souffrir. C'est aussi la limite de tout combat, où qui perd gagne et qui gagne perd. Il vaut mieux, à tout prendre, suive son chemin sans céder sur son désir.

En existant de cette manière on résiste du même pas, mais en passant, laissant l'adversaire là où il est se rouler dans ses propres contradictions. De toute manière il est, dans son propre ordre de puissance, totalement invincible, et s'il doit périr c'est de sa propre démesure. Ce que nous pouvons faire, nous, est ridiculement insignifiant face à lui, mais totalement engageant et signifiant pour nous. Deux ordres de réalité sans commune mesure, et finalement sans rapport. Aussi sommes-nous, à notre manière totalement libres. Il nous reste encore à en prendre conscience et à en être dignes.

Héraclite, voyant les citoyens d'Ephèse se rouler dans la paresse et l'incurie, se retire au temple d'Artémis, et, dans une heureuse salutation du jeu cosmique, passe ses jours à jouer aux osselets avec des enfants. C'est au temple aussi qu'il confie son ouvrage, dont les éclairs inspirés, aujourd'hui encore, illuminent les amants du beau et du vrai.

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