Des EFFETS de VERITE : apologue
Petite scène dans une pharmacie. Je paie la note, ramasse mes médicaments. Affable, je demande à la pharmacienne :
"Comment allez-vous chère Madame?
"Très bien, je vais très bien.
"Et vous savez où vous allez?
"Oh, moi je sais toujours où je vais. Et vous, vous savez où vous allez?
J'hésite un moment, puis je lâche: "Dans la tombe".
Consternation. La pharmacienne reste bouche bée. La petite assistante, à quelques pas de là, qui suivait la conversation, rougit de toute son épiderme. Manifestement, ce qui n'était pour moi qu' une évidence, une platitude philosophique, pour elles était un scandale, un tabou. J'étais un tantinet penaud, et, croyant dissiper toute équivoque, j'ajoutai : " Mais ce n'est pas nécessairement pour tout de suite..." Je vis qu'elles ne m'écoutaient plus.
La pharmacienne se resaisit et me dit :" Vous, Monsieur, je ne vous poserai plus jamais ce genre de questions".
Je me confondis en amabilités et pris la porte.
Ce petit incident, fort banal au demeurant, est justiciable d'un apologue à la manière de notre La Fontaine:
"Dites n'importe quoi ça n'a pas d'importance
Ce sont les lois de la civilité.
Dites la vérité
Vous voilà renégat, escroc, âne bâté
Vrai gibier de potence ;
Si l'on vous pend vous l'aurez bien cherché".