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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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23 août 2012

VANITE du SAVOIR : KRISHNAMURTI

 

 

 

 

 

La méthode de Krishnamurti est au total extrêmement simple. Elle se passe de toute construction mentale, de toute référence idéologique, voire philosophique. Il faut, purement et simplement suspendre la pensée. La pensée est toujours vieille, elle ne brasse que le connu. Tout inconnu, nous nous efforçons spontanément de le ramener au connu. C’est d’ailleurs le fondement de la logique ordinaire, c’est ce que nous appelons  «expliquer ». Nietzsche, de même, disait que la motivation profonde de la connaissance est l’insécurité, la peur, l’angoisse devant le non connu, qui nous précipite tête baissée dans la première explication venue, et tant pis pour la vraisemblance, pour le bon sens. Vouloir savoir, c’est en fait vouloir ne rien savoir. C’est la nécessité seule qui nous contraint, en dernière analyse, à réviser nos jugements.

Mais rien ne garantit vraiment que la nouvelle interprétation soit plus adéquate que la précédente, à laquelle nous avons renoncé. Nous allons de la sorte, de chimère en chimère, de représentation en représentation, baladés par nos instincts dans une ronde sans entrée ni sortie, un labyrinthe de ténèbres, un nuage d’inconnaissance flottant à la surface des choses. Cela n’empêche pas d’exister, heureusement, et la question de la connaissance est le moindre des soucis chez la plupart des hommes. Le miracle est que la vie supporte bien des erreurs, les encourage même à l’occasion, comme est par exemple la fascination amoureuse, comble d’illusion au service de la reproduction. On peut même pousser le raisonnement : vivre c’est ignorer, et notre souci premier est de vivre, de perpétuer la vie.

Il y a dans la connaissance quelque chose qui l’apparente à la mort. Savoir c’est fixer les choses, les néantiser dans une dé-finition, les réifier, les immobiliser comme des papillons dans un écrin d’entomologiste.  C’est ainsi que nous avons forgé ce concept invraisemblable d’Etre, par quoi nous croyons saisir une substance durable, immuable, éternelle. Ce terme est le plus haïssable de toute la tradition philosophique, en qui nous sanctifions l’instinct  de mort, le portons à l’absolue puissance du Non-Etre ! Il ne suffit pas, comme fait Bergson, de dénoncer la fixité du langage, d’opposer la fluidité des images à la concaténation des concepts pour retrouver, par quel miracle( ?) la mouvance universelle. Krishnamurti a raison : ce n’est pas dans le langage que nous pouvons approcher l’impermanence, encore moins la concevoir. Que les sciences, avec leurs méthodes rationnelles parviennent à des résultats d’efficacité pratique ne ruine ne rien notre argumentation. Elles sont vraies à leur niveau. D’autres méthodes parviennent également à des résultats, comme le montrent certaines techniques traditionnelles. La cause est entendue : le réel, ça se passe ailleurs.

Le maître faisait une conférence quand un oiseau vint se poser sur le rebord de la fenêtre. Le conférencier, alors, se tut. D’une main il fit signe vers l’oiseau et de l’autre que la séance était close.

 

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Commentaires
L
"la fascination amoureuse" qui drosse les paranthropes à la reproduction semble avoir (toujours, d'ailleurs) trouvé une sublimation inattendue dans les affections entre mâles - ou entre femelles.<br /> <br /> Sont-elles pour autant délivrées de tout égoïsme lourdement centripète? Probablement pas (ce serait trop beau), mais c'est une porte moins étroite qu'on ne lui en a fait la réputation.
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