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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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5 janvier 2018

AUTOPORTRAIT 4 (fin) - poésie 10

 

                         10

 

 

      Ce que nous sommes un dieu le sait peut-être

      Mais nous, de notre peu de savoir

      Nous faisons des palais de cristal, quand l’orage

      Arrache la toiture et les murs, et nous jette

      Au tourbillon poussiéreux des hasards.

 

 

                         11

 

       J’ai oublié ma langue maternelle

       Je suis né d’aujourd’hui

       Chaque matin je me réveille neuf, et vierge, et disponible, et désireux

       J’ouvre la porte au petit jour

       Je ne me souviens de rien

       Les mots me prennent par la main

       Je danse d’allégresse

       Je me rie du destin

 

              12

 

       Je vois le monde dans la fumée de ma pipe

      Cela fait de belles volutes bleues et mordorées

      Il me semble que mon âme se colore de rose

      Les arbres de bleu clair

      Cela donne un petit air de Méditerranée

      Allègre, vif, matutinal

      J’hallucine les blanches voiles sur la mer

      Je suis au pays des dieux.

 

 

                             13

  

 

     Je voudrais inventer des mots nouveaux

     Légers, comme des pas de danse

     Qui diraient le plaisir d’exister

     Des mots, comme des roses

     A déposer sur le front de l’aimée

     Doux comme des baisers

     Des mots qui disent l’aventure

     Des mots comme des gouttes lisses

     Comme la gaze douce

     Comme l’embrun, la bruine et le parfum

     O doux arôme, o l’insensible

     Ecoulement du temps, comme un nuage délicat

     Qui lentement dans le ciel s’évapore !

 

 

                                      14

          

 

      Le poème c’est du rythme

      Rien que du rythme

      Et ça danse, et ça tangue et ça claque

      Sur un pied, sur trois pieds, mille pieds !

 

      L’air est vif, le soleil batifole entre les arbres

      J’ai l’esprit clair, le corps sensitif

      Je feuillette quelques amis poètes

      Je grappille comme un merle

      Je ne réfléchis pas

      Je laisse venir à moi les mots et les images

      Je choisis les plus beaux, j’en fais un bouquet

      Je l’offre à toutes les déités

      De l’air et de la terre !

 

           

                            15

 

Que dire ?

Ces textes balancent entre la mélancolie et l'allégresse. C'est ainsi, je n'y puis rien. Qui voudrait une unité de ton me condamnerait à mentir, ou à biaiser. Le fait est que cette humeur changeante, passant brutalement de la gaîté à la tristesse, est la mienne. C'est en vain que j'ai cherché quelque remède à cette singularité, qui passera volontiers pour une disposition pathologique. Je me suis proposé d'être vrai, et nullement exemplaire. D'où la tonalité contrastée, que je ne chercherai pas à polisser ou rabotter : elle est au coeur du dire, elle en est le nerf, le principe actif. Enlevez-moi cette disposition particulière, vous détruisez tout ressort poétique. Qu'aurais-je donc à dire si le daïmon m'abandonne, quelles que soient par ailleurs les turpitudes et les saillies qu'il m'inspire ?

Toute singularité, si elle est vraie, implique un détachement gaillard à l'égard des normes communes. C'est là sa condtion et son prix.

 

 

 

 

 

 

 

 

.

 

 

 

 

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