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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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17 janvier 2012

Du SEXUEL au REEL : métapsychologie et métaphysique

Freud voulait remplacer l’ancienne métaphysique, jugée idéaliste et irréaliste, par la métapsychologie. Que serait cette métapsychologie? Une extrapolation spéculative, mais fondée en raison, des résultats de la psychologie scientifique dont il s’estimait l’initiateur. Théorie des pulsions, structure de l’inconscient, données ultimes de la connaissance. A sa manière, Freud renouvelle les questions traditionnelles de la métaphysique : que pouvons nous connaître, avec quels moyens, que devons nous faire, que pouvons nous espérer? La réflexion freudienne débouche ainsi, tout naturellement, sur la problématique du réel. Par de là toutes les constructions, opinions, convictions et fantasmagories des mortels il y a bien quelque chose qui résiste, qui ne se plie pas à nos désirs, qui reste inconnu, voire inconnaissable, quelque chose avec quoi nous ne pouvons ni jouer ni transiger. Dans ce texte un peu mélancolique de fin de vie « Analyse terminée, analyse interminable » Freud s’interroge : pourquoi l’analyse ne peut elle totalement aboutir ? Quel est donc cet obstacle, ce « skandalon » qui fait butée, obligeant le patient à la révision déchirante de ses vœux et de ses espoirs ? Comme s’il existait fondamentalement deux ordres de réalités : la réalité psychique – « Wirklichkeit » dira Freud, c'est-à-dire effectivité des processus primaires et secondaires de la psyché, - et la réalité externe, matérielle si l’on veut, qui n’obéit en rien à nos désirs, qui oppose un refus sans concession à nos fantasmes les plus chers : Realität. Deux termes soigneusement distingués, selon une rigueur toute philosophique. Et pour faire bonne mesure, il inventera ce terme redoutable, aux relents de tragédie  antique : le roc de la castration. Chaque sujet, de bon ou de mauvais cœur, vient échouer sur le roc de la castration, entendons sur la réalité de la différence des sexes, de la mortalité, et finalement de la finitude du savoir. Toujours la vérité est ailleurs, hors de prise, fascinante et impossible. Tout homme, tôt ou tard, rencontre la Méduse, et c’est sous son regard mortel qu’il se choisit son destin.

Si, comme nous l’avons esquissé dans l’article précédent, c’est bien par le sexuel que l’homme entre en relation avec le réel, nos pouvons à présent élargir le propos. Lacan dira que le réel c’est ce qui revient toujours à la même place. Comment entendre cette affirmation? Tout le problème est de savoir s’il existe une place spécifique, dans l’inconscient, pour recevoir la survenue du réel. On pourrait penser que chez certains sujets cette place n’existe absolument pas, qu’ils ont opéré une forclusion initiale à la faveur de laquelle ils s’hallucinent sans limites, confondant leur être particulier avec l’être universel. Régime de la psychose, il va sans dire, dont l’expression serait : tout est possible parce que je le veux. Le réel ne peut revenir puisqu’il n’est jamais advenu, comme catégorie psychique, ce qui expose le sujet au plus extrême des dangers, sauf s’il parvient à imposer sa psychose par la voie politique. Pour le commun des mortels il n’en va pas ainsi. Le réel est ce que nous ne voulons pas voir, mais qui s’impose malgré tout, et souvent contre nous. Il est indispensable qu’ au fil des événements, se creuse une place particulière dans la psychè qui puisse accueillir, dans la durée, ces épreuves, et si possible, les articuler avec les autres instances psychiques. Dans un cas favorable c’est la conscience elle-même qui peut se transformer et se renouveler à la lumière de l’expérience.

Dire, comme fait Lacan, que le réel c’est l’impossible, me semble à la fois vrai et faux. Impossible à prévoir, à connaître, étranger par essence à la représentation, oui. Mais si du réel nous sommes à jamais distants et distincts, si dans sa nature spécifique il échappe et surprend, nous pouvons, à défaut de le connaître, construire en nous cette place particulière qui, en nous mêmes , situe l’événement, l’accueille quand c’est possible, nous mettant progressivement en mesure de vivre avec le skandalon, avec notre finité indépassable, sous l’aplomb de la mort.

Il n’y a pas lieu d’opposer la métapsychologie à la métaphysique. En dernière instance elles traitent toutes deux des mêmes questions. Je considèrerai la métapsychologie comme une branche de la philosophie, particulièrement utile pour éclairer la question de la connaissance, et de l’inconnaissance qui lui est substantiellement liée.

 

 

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Commentaires
G
Je vous fais volontiers confiance pour la paternité des références psychanalytiques. Mais je pense que cela ne change pas grand chose à l'esprit de l'article.Ce ne sont après tout que des images, dont la fonction est de faire signe vers un au delà de la représentation.
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C
Très intéressante cette lecture de Métapsychologie et de l'article de freud sur "Analyse FINIE et INFINIE"<br /> <br /> Il y a une différence fondamentale entre Freud qui arrête l'analyse sur le "Roc de la castration"<br /> <br /> et Lacan pour qui ce "roc" n'est pas une butée, ce serait plutôt un infini, mais ce qui bloque c'est le REEL comme "impossible à dire" sur la sexualité et la mort, lire le séminaire "Le Sinthome" . <br /> <br /> d'autre part, il y a des contradictions chez Freud<br /> <br /> CF l'article sur "Le mécanisme psychique de l'oubli" dans RIP I<br /> <br /> bien cordialement<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> l'Oubli" dans RIP I
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