Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
Archives
Visiteurs
Depuis la création 1 054 816
13 novembre 2011

L' UNIVERSEL : exigence absolue de notre temps

 

                                                              XI

 

                                  L UNIVERSEL, EXIGENCE ABSOLUE DE NOTRE TEMPS

 

 

 

Je suis souvent saisi d'étonnement à voir la conduite et les discours de mes contemporains : le seul souci , hautement proclamé, c'est le plaisir, l'argent, la réussite sociale. Chacun semble enfermé dans la sphère étroite et médiocre de sa subjectivité, et quand apparaît la question du général ou du bien public, c'est la passion qui l'emporte sur toute réflexion rationnelle. Je ne dis pas que, par je ne sais quel miracle de la nature, j'échapperais à ce travers, je suis fait comme tout le monde, et rien ne me distingue, ni les autres philosophes, de la commune condition. Disons que la philosophie serait l'invite à une autre dimension de la pensée, qui ferait du philosophe, outre son inclusion dans la sphère privée, un esprit désireux de s'élever vers l'universel, soucieux d'inscrire son existence et sa pensée dans le registre du Tout.

Philosopher c'est penser dans l'orbe de la totalité.

Cette inspiration se démontre merveilleusement dès les premiers moments de la recherche philosophique :Thalès, Anaximandre, Héraclite, Empédocle, Démocrite.

Héraclite : "Il y a pour les éveillés un monde unique et commun, mais chacun des endormis se détourne dans un monde particulier". (DK, frag 89) C'est l'opposition du "koinon" (le commun) à l'"idion",(le particulier), qui recouvre l'opposition entre l'éveil et le sommeil. L'éveil, c'est l'accession au Logos, qui régit la marche du monde, et la parole du sage. Un seul et unique Logos, présent en toutes choses selon l'ordre du Tout.

Même sensibilité chez Empédocle : "Le tout, aucun ne fait voeu de la découvrir". Et chacun court, emporté par la soif du plaisir, la peur de mourir, errant aux caprices du hasard.

Qu'est ce qui peut faire naître dans l'esprit le souci de l'universel? La rencontre de situations qui ont une dimension universelle. Par exemple la mort. Soit, si je meurs c'est une affaire privée, puisque personne ne meurt à ma place, que pour moi-même je suis toujours seul à mourir. Mais quand meurt le proche, le parent, l'ami, je fais cette terrible découverte du sort commun et imparable. "Nous sommes tous une citadelle sans défense" dira Epicure. La mort me fait accéder à la conscience de l'universel, et je peux supposer - avec quelque réserve pour des esprits inéducables - que les autres y peuvent accéder tout aussi bien. C'est ainsi que peut se créer un "koinon". Mais la mort n'est pas le cas unique. Il en va ainsi de toutes les situations-limites, dont Jaspers a donné jadis un analyse indépassable. (Jaspers : "Introduction à la philosophie", Payot))

L'égoïsme sépare les hommes, le désastre les réunit, ou du moins devrait les réunir. C'est vrai pour notre époque, ou du moins cela devrait l'être. Chaque nation croit encore naïvement pouvoir s'en tirer à part, quand tout devient commun et menaçant dans ce monde. Les flux monétaires, culturels, migratoires, informationnels, les ressources et les périls ignorent frontières et tabous, culbutent nos représentations, emportent nos certitudes, dissolvent nos croyances. L'uniformité est la figure pitoyable d'une mondialisation anarchique. Il est grand temps que dans cette débâcle se lève une authentique conscience de l'universel, qui présidera, nous l'espérons sans vraiment y croire, à une nouvelle ére d'humanité.

Cette idée devrait guider nos politiques, quand la plupart sont narcissiques, infantiles, ou paranoïaques, réveiller nos penseurs et chercheurs, inspirer la science et la technologie, réformer les institutions nationales et internationales, condamner les nationalismes, intégrismes et corporatismes de toute farine. Nous sommes requis à une révolution anthropolgique radicale, d'inpiration pluri-écologique. L'esprit de l'avenir sera universel, ou ne sera pas.

Publicité
Publicité
Commentaires
Newsletter
155 abonnés
Publicité
Derniers commentaires
Publicité