LOS INDIGNADOS : Espagne, mai 2011
La jeunesse espagnole manifeste : chômage sans précedent, incertitude sur l'avenir, précarisation, paupérisation. Absence de perspective professionnelle, sociale et politique. Qui est responsable de cet état de fait? Le capitalisme sauvage, la course indécente au profit maximal et immédiat. Ce n'est pas exactement une révolution classique, ce n'est pas un autre Mai 68, c'est l'amplification d'une sourde inquiétude, d'une malaise croissant devant la marche du monde.
Se désigner comme "Les Indignés" est une démarche pleine de sens. Indignation devant les inégalités croissantes, les profits exponentiels d'une minorité, la confiscation oligarchique des biens et des ressources, l'indigence d'une politique serve du capital.
Ces mouvements sont tous pacifiques, mais résolus. Ils ne font aucune confiance aux partis traditionnels, ni aux gouvernements. Ils ne sont pas récupérables. Ils défient toutes nos représentations ordinaires : ni marxistes, ni populistes, ni syndicaux, ils ouvrent à une nouvelle conscience de la politique et de la citoyenneté.
Une révolution d'un nouveau genre est en marche, qui gagnera sans doute, un à un, tous les pays développés. Evitons pour l'heure de la cataloguer selon nos schémas de pensée éculés. Quelque chose se passe là, se dit là, qui doit être entendu d'une oreille et d'un coeur nouveaux.
Quant à moi j'y vois l'émergence d'une révolution aussi inévitable que nécessaire, prélude incertain mais indéniable d'une révolution anthropologique globale qui affectera bientôt tous les aspects de l'existence. Ajoutons qu'il est bien significatif que ce soit la jeunesse qui s'enflamme : elle est au premier rang, elle est touchée de front, c'est elle qui supporte au premier chef les ravages du système. D'elle seule peut venir la secousse salutaire. Mais elle nous concerne tous.