ROUTES d'EXIL : XIII, XIV
XIII
A l’entame exactement
L’homme
Comme un edelweiss.
J’ai couru tout le long de la faille. La terre s’était ouverte,
Le ciel était noir. Ils mouraient tous comme des mouches.
Je ne savais rien du bonheur sinon qu’il n’était pas pour moi.
J’avais longue patience, et mine pâle. Je n’attendais plus rien de rien,
ni de personne.
J’étais nu.
Un autre jour s’est levé. Puis la brise. Un bonheur sans motif, une joie
d ’aube calme.
PLus d’espoir, fin du deuil.
La terre s’est refermée comme une cicatrice. A présent je sais vivre.
XIV
Terre inconnue, ombre et lumière, vase antique et secret candélabre, ô femme !
Nul ne sait ton désir, et toi-même ignorante de toi, tu me tends la palme
Bruissante de ton corps, toute de réserve et de don – ô demi-lune
Pour que tu sois !
Je n’ai tourné qu’en rond dans le cercle maussade de la virilité, cette route à demi,
Qui monte et qui descend, qui recommence. Nous ne bâtissons rien qui ne soit
douteux comme le sourire de la mort !
Mais l’autre part, obscure lumière de la profondeur, abri fragile et de corail,
où donc est-elle ?
De ce jour je serai l’hôte de la proximité la plus proche, flux et reflux,
Joyeusement ouvert !
Affleurements, me voici ! Je ne serai pas un ingrat. Il faut deux pieds, deux mains
pour faire un homme !