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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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15 septembre 2010

HUMEUR, HUMOUR, AMOUR

Humeurs - humidité, liquidité, fluidité. Les quatre humeurs fondamentales de la théorie hippocratique sont le sang, la phlegme, la bile et la célébrissime bile noire, toutes censées, par leur juste équilibre, assurer l'harmonie du corps vivant. Elles conditionnent, fort logiquement, les mouvements et les états du thymos, siège comme on sait, de l'humeur, comprise cette fois comme disposition, fondamentale ou passagère, du tempérament. Bonne ou mauvaise humeur, allègre ou déprimée, solaire ou ennuitée. Que pouvons-nous pour règler nos humeurs, prévoir leurs soubresauts, alléger leur persistante disgrâce? Comment gérer la dys-thymie, cette douleur insistante de l'angoisse et du souci, rétablir l'eu-thymie démocritéenne? Et quand Aphrodite s'en mêle, c'est la débâcle. Voyez les tourments de Sappho, accusant ses "phrènes" de débouter sa raison, de disqualifier son jugement! Les phrènes, encore un de ces termes métaphoriques pour dire l'exaltation et la douleur! Phrènes : viscères, organes, - métaphoriquement : le coeur (du désir et des passions), douleur et pensée du coeur, pensée du diaphragme, et plus prosaïquement, pensée des tripes! Phrènes et frénésie! Toute la rhétoriques des passions, dans quelques mots qui nous font rêver encore!

L'humeur passagère est une réactivité à l'événement. Humeur à vitesse variable. L'humeur longue, c'est la disposition constante, l'idiosyncrasie perenne d'un sujet. Basse continue dans la rhapsodie de l'âme, irréfutable, immodifiable. Joie constante du mystique, désespoir du mélancolique. L'humeur a sa vérité que rien ne réfute. Désespoir, également, du médecin, et du philothérapeute.

Les Anciens avaient le millepertuis, l'éllébore, les régimes alimentaires et climatiques. Nous avons nos psychotropes. Différence de degré, non de nature. L'humeur, cette indocile servante du Noûs, est le plus souvent sa maîtresse acariâtre. A chacun ses catins.

Et ses thérapies : la tragédie nous plonge dans la terreur et la pitié (Aristote) et par là opère une catharsis des passions. A voir...La comédie nous fait rire de nos turpitudes, nous égaie par la contemplation désabusée de nos errements et de nos illusions. L'humour, plus finement, fait sourire de l'humeur. C'est une thérapie plus subtile, plus rare, plus noble, plus précieuse. Elle opère par distanciation critique, par renversement d'indice, transvaluant le tragique, sans le nier en aucune manière, dans la sphère, hors affect, de l'esprit, en généralisant le mal, l'étendant pour ainsi dire à l'infini, le multipliant jusqu'à l'absurde, opérant par excès une sortie par le haut, une échappée, une envolée salvatrice. Ainsi ce mot de La Bruyère : " Il faut rire avant que d'être heureux, de peur de mourir sans avoir ri".

L'humeur nous accable ou nous ravit, dans l'immédiateté de l'affect, dans la proximité de l'effect. Effectivité sans distance," passion", passivité, pathos, pathologie. Ni distance ni nuance. Massif, irrévocable. L'humour métaphorise, trans-pose dans le registre, au minimum du symbolique, au maximum du créatif. Action qui déboulonne la passion, la déréalise, la relativise par un effet paradoxal de généralisation absolue. "Mourir sans avoir ri" - qui ne rit de cette étrange, inconcevable absence du rire? Cela même qui était l'indice d'une monstreuse douleur devient la cause paradoxale, artistique, d'une joie supérieure, spirituelle, voire spiritueuse!

L'humour voit le pire, et loin de tembler, le retourne en dérision. L'humour dé-ride en dé-riant, en faisant rire DE. Ce DE est essentiel, il introduit le haut, à partir de quoi le terrible devient le bas, la basse-fosse de nos ridicules. Thérapie de l'esprit fort. Thérapie philothérapeutique. - Démocrite, qui rit de tout, et des bonheurs et des malheurs, et de soi-même, c'est évident!

Et de l'amour! L'humour ne respecte rien, et l'amour moins que toute autre chose au monde. Quoi de plus ridicule que l'attachement, l'espoir, la crainte, la dépendance, la jalousie, la haine, compagnons invitables de l'amour? Quoi de plus ridicule que cette fixation  érotique et sexuelle, cet acte physiologique transfiguré en beauté céleste, au mépris de l'évidence la plus immédiate? Quoi de plus dérisoire que nos plaintes, nos poèmes enflammés, nos tragi-comédies de la passion, notre soif inextinguible d'idéal pour faire passer la sauce du médiocre et du quotidien?

Toiut cela est vrai. Mais l'humour a sa vérité secrète. On ne rit vraiment que de ce qu'on aime. L'humoriste n'est pas un nihiliste. Il se moque de tout, et dans son rire encore, dans ce rire spirutualisé, dans ce sourire d'énigme, persiste, par derrière, ou de biais, un savoir tragique, une subtile complicité avec le monstrueux, une irréductible défiance, alliée contre toute logique à une approbation, une secrète joie qui rend la vie désirable, par dessus le marché, comme jeu inépuisable, terrible et jubilatoire, de la grande nature. L'humour est apollinien, mais dans le sourire d'humour s'exhale subtilement un amour d'aurore, amour sans objet ni sujet, inconditionnel. Quoi que l'on fasse ou pense, on est toujours une expression singulière de la toute-puissante nature.

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Commentaires
C
Bonjour,<br /> <br /> Vous êtes cordialement invité à visiter mon blog.<br /> <br /> Description : Mon Blog(fermaton.over-blog.com), présente le développement mathématique de la conscience humaine.<br /> <br /> La Page No-6: ÉLIE QUANTIQUE !<br /> <br /> LE PROPHÈTE ÉLIE DANS UN TOURBILLON QUANTIQUE ?<br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> Clovis Simard
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