Les QUATRE DISCOURS
Posons ici de manière méthodique la structure fondamentale des quatre discours de connaissance : religion, science, philosophie et A-philosophie. Pour cela nous avons besoin de quatre concepts, qu'il faut faire glisser dans le rapport constitutif de leur stucture, soit : le sens, le savoir, la vérité et le réel.
La religion met au principe de sa démarche le sens, qu'elle prétend saisir dans un savoir ( tradition, textes sacrés) qui fonde la vérité, une et universelle. De ce procès chute le réel, forclos dans un déni de principe.
La science met au principe le savoir, fondatif d'une vérité asymptotique (à la fin du procès historique de la constitution des savoirs) qui serait la pleine et entière assomption du réel. Ce qui choit, c'est le sens, dans la mesure où la question du sens n'est pas au principe de la démarche scientifique.
La philosophie se réclame de la vérité, posée au principe de sa quête, qu'elle conçoit comme idéal incarné dans un savoir établi et transmissible, et qui ferait sens, en notant que les philosophes ne sont jamais parvenus à établir un sens universel, à la différence des religions, dont c'est l'exigence fondative. De ce procès, à nouveau, chute le réel, mais de manière moins clivée. Le réel reste quelque part comme l'obstacle incontournable, un "reste" inassimilable, comme par exemple de "devenir fou" chez Platon, qui maintient une sorte d'hésitation entre sens et non-sens. De ce point de vue la philosophie ne possède pas de structure ferme, et balance fort souvent entre le modèle religieux (Stoïciens) et le modèle scientifique (Marx).
L'A-philosophie place résolument le réel au principe. D'où le positionnement princeps de l'Ab-sens qui implique une redéfinition de la vérité comme alètheia, non voilement (du réel comme Ab-sens). Ce qui choît c'est le savoir, détrôné de sa position de maîtrise au profit d'un savoir du non-savoir, et d'une primauté de l'indécidable. C'est une manière tout à fait différente de se situer dans l'énigme du monde.
Ce n'est là qu'une manière un peu scolastique de repenser les choses, mais qui peut avoir quelque effet de clarification. Cela dit, je ne monterais pas au bûcher pour en garantir magiquement la validité. Il m'importe par contre de donner ses lettres de noblesse à un effort méthodique de penser en dehors des circuits ordinaires, de me donner du large, de dé-river, de danser selon une déclivité originale, au plus près de l'originaire. (Déconstruction a-philosophique).
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PS : Je dois à Monsieur Badiou, auteur d'un article sur l'"Etourdit" de Lacan, l'idée de réarticuler les fameux quatre discours (de Lacan) selon une autre logique. J'ai pris de lui l'idée de l'Ab-sens, mais je crois être parvenu à des résultats différents des siens, dans la mesure où mon propos n'est pas de continuer Lacan, ni de le contester, mais de penser tout autre chose. Pour moi le réel ne se réduit nullement au sexuel ("il ny a pas de rapport sexuel") même si le sexuel, dans ses ratages et son impossible propre, peut être une entrée intéressante dans la problématisation du réel. De manière générale la psychanalyse ne m'intéresse plus en elle même, mais comme un accès possible à la démarche de l'A-philosophie.