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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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12 juillet 2010

Les QUATRE DISCOURS

Posons ici de manière méthodique la structure fondamentale des quatre discours de connaissance : religion, science, philosophie et A-philosophie. Pour cela nous avons besoin de quatre concepts, qu'il faut faire glisser dans le rapport constitutif de leur stucture, soit : le sens, le savoir, la vérité et le réel.

La religion met au principe de sa démarche le sens, qu'elle prétend saisir dans un savoir ( tradition, textes sacrés) qui fonde la vérité, une et universelle. De ce procès chute le réel, forclos dans un déni de principe.

La science met au principe le savoir, fondatif d'une vérité asymptotique (à la fin du procès historique de la constitution des savoirs) qui serait la pleine et entière assomption du réel. Ce qui choit, c'est le sens, dans la mesure où la question du sens n'est pas au principe de la démarche scientifique.

La philosophie se réclame de la vérité, posée au principe de sa quête, qu'elle conçoit comme idéal incarné dans un savoir établi et transmissible, et qui ferait sens, en notant que les philosophes ne sont jamais parvenus à établir un sens universel, à la différence des religions, dont c'est l'exigence fondative. De ce procès, à nouveau, chute le réel, mais de manière moins clivée. Le réel reste quelque part comme l'obstacle incontournable, un "reste" inassimilable, comme par exemple de "devenir fou" chez Platon, qui maintient une sorte d'hésitation entre sens et non-sens. De ce point de vue la philosophie ne possède pas de structure ferme, et balance fort souvent entre le modèle religieux (Stoïciens) et le modèle scientifique (Marx).

L'A-philosophie place résolument le réel au principe. D'où le positionnement princeps de l'Ab-sens qui implique une redéfinition de la vérité comme alètheia, non voilement (du réel comme Ab-sens). Ce qui choît c'est le savoir, détrôné de sa position de maîtrise au profit d'un savoir du non-savoir, et d'une primauté de l'indécidable. C'est une manière tout à fait différente de se situer dans l'énigme du monde.

Ce n'est là qu'une manière un peu scolastique de repenser les choses, mais qui peut avoir quelque effet de clarification. Cela dit, je ne monterais pas au bûcher pour en garantir magiquement la validité. Il m'importe par contre de donner ses lettres de noblesse à un effort méthodique de penser en dehors des circuits ordinaires, de me donner du large, de dé-river, de danser selon une déclivité originale, au plus près de l'originaire. (Déconstruction a-philosophique).

________

PS : Je dois à Monsieur Badiou, auteur d'un article sur l'"Etourdit" de Lacan, l'idée de réarticuler les fameux quatre discours (de Lacan) selon une autre logique. J'ai pris de lui l'idée de l'Ab-sens, mais je crois être parvenu à des résultats différents des siens, dans la mesure où mon propos n'est pas de continuer Lacan, ni de le contester, mais de penser tout autre chose.  Pour moi le réel ne se réduit nullement au sexuel ("il ny a pas de rapport sexuel") même si le sexuel, dans ses ratages et son impossible propre, peut être une entrée intéressante dans la problématisation du réel. De manière générale la psychanalyse ne m'intéresse plus en elle même, mais comme un accès possible à la démarche de l'A-philosophie.

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Commentaires
G
J'ai retrouvé le poème de Sappho qui fait rêver ses amis depuis vingt cinq siècles:<br /> "Poikilothron' athanat' Aphrodita"<br /> Thrône miroitant, immortelle Aphrodite...<br /> Poikillein : broder, varier, diversifier, parler avec art.<br /> poikilos : varié, peint de couleurs variées, trvaillé avec art.<br /> je me permets de renvoyer à mon adaptation du poème dans Poésie 6 : "Sappho de Mytilène".
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G
Merci pour cette belle prose qui fait danser les concepts en les dépouillant de leur lourdeur ordinaire! Je me contenterai, en écho, de citer Héraclite :" Le soleil est nouveau tous les jours" et Sappho, qui dans un beau poème parle du miroitement d'Aphrodite de par le monde des êtres sensibles.<br /> Que voilà une noble parenté!
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M
Voilà une perspective très intéressante, cher ami que ce concept karlien « d’A-philosophie ».Celui-ci nous éloigne définitivement de la formulation classique de Saint Thomas« véritas intellectus (est) adaequation intellectus et rei » et par là même de la conception antique de la vérité comme correspondance entre l’esprit et la chose. <br /> C’est avec plaisir que je constate cher ami, que par ce biais et cette vision A-philosophiques, nous revenons d’une certaine façon « aux choses mêmes » selon le célèbre mot d’ordre de la phénoménologie husserlienne: « zurück zu den Sachen selbst »n’est-ce pas ?<br /> Le phénomène est alors l’élément à partir duquel se fait jour ou se déploie la présence de chaque étance, indépendamment de toute conscience constituante et constitutive. C’est un surgissement sans préalable, un dévoilement d’un « se manifester »propre du « to on » à partir de sa source ou de son origine. (ursprung). Le phénomène s’appréhende donc sous le mode du dévoilement, du « se donner à voir »( racine phôs, la lumière en grec) à la manière d’une aurore boréale qui dévoile sous son rideau de lumière à chaque fois inédit l’ad-venue à soi de l’être, jamais la même mais toujours d’ores et déjà là au cœur de l’évidence (videre) entre le visible et l’invisible, et de l’indicible aussi...
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