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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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16 avril 2010

VERITE , SAVOIR et REEL

La vérité ne saurait être l'adéquation du discours au réel puisque par hypothèse le réel nous est inconnaissable avant son surgisssement. On ne peut connaître que dans l'après coup. Et ce qu'on connaît alors n'est plus le réel en soi-même mais sa représentation. Certes, le surgissement du réel vient modifier nos représentations préalables, si du moins nous sommes capables de prendre acte de la modification, mais le tranchant du réel ne peut se maintenir tel quel dans la pensée. Il en résulte une transformation relative de la représentation, où l'esprit se précipite à rogner le radicalemnt neuf pour le ranger vaille que vaille dans un ordre certes élargi, mais en général conforme à l'ancien. Il faut une véritable catastrophe pour contraindre l'esprit à une radicale modification, et nos remaniements ne sont le plus souvent que des aménagements. Pour l'essentiel notre vion du monde peur certes s'amender en partie, mais il est plus que rare que nous soyons à même de procéder à une authentique révolutuion mentale. Tel esprit religieux pourra accepter des théories scientifiques de nature à modifier ses dogmes, mais il ne saurait renoncer à son fantasme original selon lesquel le monde est fondamentalment sensé, ordonné par une Intelligence transcendante. On retrouve le mot de Nietzsche : quelle est la dose d'incertitude que je peux supporter sans en périr? Ici se mesure la capacité philosophique du penseur.

Par vérité j'entends non le savoir, mais le Désir qui se met en mouvement vers le réel, ou du moins qui accepte de se mettre en danger dans l'épreuve du réel. C'est la définition grecque : A-Lètheia : dévoilement de ce qui est, comme cela est, et quellles que soient, pour nous, les conséquences de ce qui est, c'est à dire de ce qui apparaît. Ne pouvant savoir ce qui est, ni même si quelque chose est, nous en sommes réduits à contempler ce qui surgit, hors désir, et hors fantasme.  La mer engloutit nos villages, voilà qui se donne comme un évidence incontestable, dans la brutalité inconcevable et imprévisible du réel. Le savoir, emporté, englouti par le fait, révèle sa caducité essentielle, en dépit de tous les progrès de la science dite prédictive. Chaque jour nous pouvons mesurer l'inanité de nos prévisions climatiques, météorologiques, sismographiques et autres. Plus nous en savons, plus le réel s'amuse à déjouer nos prévisions, nous rejetant dans le constat effaré de notre non-savoir. A croire enfin que l'accumulation des savoirs ruine le savoir. La vérité n'est pas le savoir.

De fait nous sommes dans l'entrelacs de trois termes : vérité comme démarche, savoir comme représentation rationnelle, réel comme apparition, apparaître, apparence absolue, surgissement imprévisible, ratage du savoir et ouverture tragique. Pyrrhon avait remarquablement établi quelques traits fondamentaux : les "choses" (pragmata) sont immaîtrisables, inconnaissables, imprédictibles, hors de toute appréhension sensée, indécidables a priori. Notre savoir n'est que relatif, non nul, mais de peu d"utilité dans notre rapport métaphysique au Tout. Les progrès du savoir ne modifient en rien notre condition humaine, étenellemnt précaire, insécure, mortelle et incertaine. Il est des savoirs utiles mais pas de savoir du Tout. Montaigne reprendra l'idée ave style : "nous n'avons pas de communication à l'être".

Nous avons de fait deux images de la vérité . La traditionnelle serait l'adéquation du discours à la chose. Définition sophistique, optimisme et fallacieuse. Disons que ce serait la vérité relative sur quoi repose notre monde humain., "Vérité" fondamentalement instrumentale, plutôt opératoire que vraie:  "Cela marche dans certaines conditions". et assure quelque type modeste de prévision rationnelle : physique, chimie, astronomie, technolgie scientifique. Ce n'est pas rien, mais au regard du tout c'est peu de chose. Rien n'empêche de développer encore ces recherches, maus il faudrair savoir pour-quoi, et jusqu'où. Problème que la modernité s'empresse goûlument de nier.

Nous voulons du sens, et le sens ne s'obtient que par réduction, identification magique du savoir et du réel. Ainsi Platon estimera que le réel est idéel, que les Idées sont seules réelles, et que le sensible n'est que jeu de l'illusion. Hegel déclarera que le réel est rationnel et le rationnel réel. Mais qui ne voit que ces définitions ne sont que fricassée idéologique, opérant par réduction et forclusion psychotique? On dénie toute existence à ce qui, au plus vif, est superbement et irréductiblment réel : le jeu de la diversité infinie, la mouvement, la mobilité, l'écart générateur, la créativité infinie de la nature, Face à ce mystère on criera au scandale, on relèguera le divers dans l'Hadès d'un devenir pris de folie, pour restaurer illusoirement un arrière-- monde fabuleux, digne d'un conte pour enfants sages.

La vérité est dès lors ce cheminement tragique qui fait la critique du savoir, sans l'écarter ni le refouler, mais en en faisant exploser les prémices. : Travail de déminage. ouvrant de la sorte le chemin du Réel.

La vérité constate : ça ne marche pas, ça ne s'ajuste pas, ça ne colle pas. Pas d'adéquation de la représentaion à la chose, du désir au réel,. C'est l'esprit tragique : il n'y a pas de sens. S'ouvrir à cette ouverture, à cette Béance est la seule route de vérité. La vérité ne mène pas au savoir, mais au non-savoir, non au sens mais à l'ab-sens, au défaut radical de sens. La vérité c'est l'ouverture à l'ouvert.

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Commentaires
G
Cher Monsieur, vous trouverez largement de quoi alimenter votre réflexion en lisant quelques articles que j' ai consacrés à la question de la connaissance sur ce blog. Sinon je vous recommanderai de lire l'ouvrage : "Philosophie de la non-pensée" publié également ici, où je traite le sujet dans toute son ampleur. Je ne voudrais pas répéter encore ce que j' ai déjà cru avoir établi dans tous ces passages publiés.<br /> <br /> Je vous souhaite bonne lecture, si toutefois vous souhaitez approfondir la question.
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F
Je considère votre positionnement. Ce qui m'interroge c'est les limites de celui ci et sa finalité. L'éclairement ? Dans les différentes sphère sociales qui m’entourent je crois constater que l'idée de cette non garantie du savoir, des techniques et de tant d'autres prétentions quant à leurs vérités me semble acquise explicitement ou implicitement. Le point de départ d'une démarche plus juste ? Je craint que de placer la modestie au centre d'une réflexion nuise à sa capacité d'efficience. (évidement je ne parle pas de l'écarter)<br /> <br /> A part ces deux ci, je n'envisage pas d'autre finalités à ce positionnement. Cela vient peut-être du fait que j'adopte un point de vue trop Politique ou technique. J'entends que mon questionnement est hors du propos de ce petit article, mais je vous serait sincèrement gréer de me sortir de mon aveuglement afin que je puisse mieux appréhender votre propos.
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G
Je ne dis que nous ne savons rien de rien, puisque nous pouvons agir sur la réalité (techniques etc) mais que notre savoir est sans garantie quant à sa vérité. C'est une position de modestie face à l'impénétrabilité du réel.
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F
L'efficience du réel sur les représentation, l'esprit et la pensé est évoqué avec justesse. Seulement je trouve qu'il manque la considération de la puissance qu'on le savoir, l'esprit et les possessions matériels de l'esprit sur le réel. Certes vous définissez, avec raison, le réel comme étant inconnaissable mais la puissance qui peut affecter le réel le rend du coup relativement inconnaissable. Certes, on ne peut se préparer à l'imprévisible, mais dans le particulier, l'imprévisible d'un événement à un caractère inévitablement relatif. Je ne suis pas préparer à perdre l'usage de ma voix mais je suis encore moins préparer se transformer subitement en grenouille, car dans le premier cas le secours est plus aisément imaginable. Je crois que c'est dans cette nuance de relativité du particulier que tout ce joue et je ne saisi pas pourquoi cela devrait donc être négligé au général.<br /> <br /> Aussi votre exemple de la mer engloutissant les village dénote une méconnaissance des subtilités des prétentions des savoirs scientifiques identifié comme étant "la science prédictive".<br /> <br /> J'aimerais avoir votre avis sur ma critique.
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G
Merci pour cette remarque. Il est bien vrai que parfois j'écris un peu vite, emporté par le souffle de l'inspiration. Mais je promets de mieux me relire et de corriger les fautes de rédaction.
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