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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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25 mars 2010

De la LIBERTE du PHILOSOPHE

Comment agir librement, en toute conscience, lucidité et liberté dans le monde tel qu'il est? Car il faut le dire avec la dernière fermeté : il n'est pas l'heure de fuir dans les nuées de l'Intelligible quand la terre brûle. Je respecte ceux qui désespèrent et se réfugient au bocage, ou qui prennent le maquis. Au moins font-ils preuve de lucidité. Mais je ne partage pas cette position, tout en estimant que c'est l'ultime solution quand publier et  dire le vrai sont stritement impossibles. Cette limite extrême n'est pas encore atteinte, aussi estimai-je que l'action est nécessaire, mais selon la modalité philosophique. Je laisse à d'autres, plus compétents peut-être, le souci de l'intervention économique et politique, où je n'entends pas grand chose, pour me consacrer à l'essentiel : sonder les fondements impensés de notre rapport au monde, à la nature, à autrui, dans une méditation globale, critique et révolutionnaire. Cette pratique doit se fonder à son tour sur une éthique claire, ferme et sans concession.

Pour penser librement il faut se défaire de toutes les idéologies qui entravent et conditionnent la pensée. Selon moi le philosophe ne doit en aucun cas se laisser séduire par un parti politique, une confession religieuse, un mouvement de pensée organisé, à vocation militante. Ni Eglise, ni Secte, ni Parti, y décelant une oppression sourde de la liberté de pensée. Tous ces groupes obéissent à une logique binaire, exclusive et séparative, reléguant les autres dans "les poubelles de l'Histoire" ou les enfers de la trahison. Un philosophe catholique, protestant ou hébraïque, cela me fait hurler de rire. Quand à se situer comme auxiliaire critique du marxisme, comme crut bon de faire Jean Paul Sartre, ou vaisseau fantôme du néolibéralisme, comme font plusieurs de nos idéologues patentés, c'est consternant. Se poser en libertaire cryptocommuniste, qui pourrait y voir autre chose qu'une posture?

Je ne prône en rien un aimable absentéisme. Mais la critique philosophique suppose un dégagement à l'endroit des modes, des confections idéologiques, des transports de l'immédiateté, des passions de foule et autres exaltations éphémères. Tout comme un refus des encartements, enrôlements et autres conditionnements. Là dessus Marcel Conche est exemplaire. Mais que cette prise de distance ne se transforme pas en absence. Simplement il faut agir autrement et ailleurs. Qu'à titre privé le philosophe ait des préférences politiques, des avis sur l'actualité, qu'il aille voter à l'occasion, ou refuser de voter, qu'il manifeste avec les manifestants, qu'il contribue comme citoyen à telle action ponctuelle, quoi de plus légitime, de plus nécessaire? Mais je ne vois pas au nom de quoi il se poserait comme modèle, donnerait des leçons de civisme, chercherait à embrigader, convertir, éduquer, diriger. Le comble du ridicule c'est un philosophe ministre!

Il faut absolument distinguer l'agir d'un citoyen privé, fût-il philosophe de surcroît, de l'agir proprement philosophique du philosophe.

On invite de nos jours, à la télévision et les radios, des personnalités supposées philosophes, pour donner leur avis sur toute sorte de sujets d'actualité. Je les écoute, et à dire vrai, je me demande presque toujours en quoi ces messieurs sont différents du premier quidam venu, n'étant ni physiciens, ni biologistes, ni psychanalystes, ni économistes, n'ayant, pour le dire tout de go, aucune compétence dans aucun domaine. Il portent un titre univesitaire, ils ont pondu quelque grimoire savant et illisible sur Kant ou Saint Thomas d'Aquin, et alors? Relisons le critiques acerbes de Machiavel, qui lui était en exercice politique et connaissait son affaire, contre les rêveurs idéalistes du salon philosophique!

S'il est une compétence du philosophe c'est le penser philosophique. Ce n'est pas son rôle de donner des recettes de cuisine, de militer pour ou contre le porte-jarretelle, de réformer l'éclairage municipal, de jouer au chanoine, de faire le pitre au ministère. Il se trouve heureusement, dans la longue histoire de la phi losophie, des exemples un peu plus estimables.

Penser, lire, écrire, dire : c'est ici que doit s'exercer l'action. En s'adressant à l'homme tout entier, à sa conscience vivante. A travers chaque homme à tous les hommes. Comme ont fait Empédocle, Epicure, Bouddha, Schopenhauer, mais aujourd'hui, dans un langage neuf, sans illusion, mais sans découragement.

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Commentaires
D
Si l'homme cherche le sens c'est que celui-ci le précède, le norme de tous côtés, le configure par-delà sa propre volonté et surtout antérieurement à elle. Nous sommes tous immergés dans la surcharge de sens. C'est pourquoi nous le cherchons. Le sens est donné par les autres, par la force invisible du groupe démultiplié en influences innombrables et cacophoniques. Le sens est l'expression pensée, formulée des désirs qui nous investissent et que nous projetons sur le monde. "Le besoin de sens est d'essence religieuse", remarque Freud. Et ce besoin est le fruit de nos désirs et de nos peurs, de nos instincts grégaires.<br /> Quelle place pour la philosophie ? Non pas ajouter du sens à cette pesanteur infinie mais en revenir à l'originaire, non pas la culture et ses funestes impasses identitaires ou économiques mais le réel comme source primordiale de la dépossession. La philosophie est d'abord un dépouillement (Diogène), un dénuement, un appauvrissement provisoire, un retour à la source insignifiante du réel. Bref, philosopher, c'est accepter un déshabillage de la pensée. De celui-ci découle l'exigence philosophique première : vivre en vérité et puiser ça et là, le maximum de joie.
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G
Je suis bien d'accord avec cette proposition de Tchoumi. L'obsession du sens me semble une pathologie de l'homme égaré dans le monde. Cet égarement est sans doute inévitable. Mais je constate que les autres vivants n'en semblent pas faire une question existentielle. Si nous avons le désir du sens,légitime à un certain niveau, pour vivre et affirmer notre existence, il est loisible de s'en détacher, au moins en partie, dans la contemplation du Tout. La question du sens est la marque du désir humain, sa fatalité et sa limite. Au delà commence une forme de liberté proprement philosophique.
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T
La philosophie donne t-elle du sens ,un sens,ou le sens ?<br /> <br /> La philosophie ne donne rien Si elle apporte quelque chose , c’est en échange d’un effort ,d’une recherche ,d’une violence personnelle faite à soi pour changer son regard sur le monde Si c’était un cadeau , ce serait un cadeau du genre dangereux , de lassitude ,de repli au monde voire de désespoir .<br /> Elle ne donne pas « du sens » .Le prêtre donne du sens à la vie des fidèles ,le gourou donne du sens aux membres de la secte ,le styliste donne du sens à des traits de l’époque .<br /> Le philosophe ne donne ni du sens , ni un sens, et surtout pas le sens de notre vie ni celui de notre époque .Il nous donne une méthode de pensée ,une attitude de questionnement , non pas « le sens » ni « du sens » , mais de quoi le découvrir nous même . <br /> Il œuvre pour notre liberté ,notre autonomie intellectuelle afin que nous trouvions le chemin et les moyens de fuir notre prison dorée sans barreaux pour chercher notre propre liberté ..<br /> Quelle idée faut-il avoir « du sens » pour croire qu’il se donne ainsi ? Le philosophe cherche le sens , du sens à l’existence humaine ,au monde , à l’histoire , au cosmos et souvent il ne le trouve pas et peut-être faut-il faire le deuil de cette soif de vérité .<br /> Le philosophe peut trouver un sens au monde à la vie , mais en contradiction avec celui émis par son prédécesseur .<br /> Il existe une polysémie du concept sens . Le sens pris en tant que direction ou orientation d’une part , et en tant que signification des objets d’autre part <br /> J’aime citer en exemple le cogito de Descartes , mis en contradiction par Hegel, Kant , Nietzche , plus récemment par Ricoeur , pour terminer par Gabriel Marcel qui reprochait fort joliment à Descartes d’enfermer le moi dans sa propre coquille . <br /> La philosophie ne donne pas d’abord du sens ,elle permet de cherche pour pouvoir trouver du sens , et si elle peut donner quelque chose , c’est d’abord à mon sens ( à mon avis ) du sens critique .<br /> .<br /> C.G
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D
Sur l'implication d'un philosophe d'aujourd'hui, antésocratique dans l'esprit, parlant de sa solitude fondamentale de philosophe, de son enseignement et du rapport entre morale et éthique : voir les émissions sur France culture : Hors-champs avec Marcel Conche (et Laure Adler): c'est plus que remarquable : une authentique leçon de sagesse avec la dernière diffusée vendredi 26 mars 10 à 22h30, enregistrable et audible ici: <br /> http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/hors-champs/index.php?emission_id=160060189
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