MYTHOPOIETIQUE

Mytho-poiétique : je voudrais, sous ce nouveau titre, me livrer à quelques exercices aussi farfelus que nécessaires, je veux dire subjectivement nécessaires. Mythologie : non pas de celles qui ont existé, encore que je m'en inspire assez largement, surtout la mythologie grecque qui me parle avec beaucoup d intensité, mais une mythologie inventée, toute libre et d'inspiration personnelle. Je découvre que la philosophie, même au sens nouveau que je lui donne sous le titre de métaphilosophie, ne me convient plus très bien pour erxprimer ce que j'ai à dire. Par ailleurs le poème, dans son extrême rigueur formelle et son impitoyable exigence de perfection me paralyserait plus qu'autre chose. J'ai besoin d'une forme souple, ployable à tous sens, indéfiniment perfectible pour y lancer ces tentatives ésotériques comme on ferait d'un dessin sans ambition autre que l'expressivité immédiate. Seule une prose poétique peut correspondre à un tel projet.

Mytho-poiétique donc, puisqu'il s'agit de créer de toutes pièces un monde qui n'existe qu'à titre de vagissement dans mon esprit, comme on ferait de la pâte à modeler ou de la pâte à sel, mais avec des couleurs variées, sans ordre ni méthose, en suivant l'inspiration brute. je suis parvenu à un stade psychique où la pensée rationnelle me serre comme un éteau, et où l'abandon à la voix intérieure s'impose souverainement. Seul le mythe permet cette liberté d'invention, hors des cadres de la raison, de la convention langagière, des exigences ordinaires de la présentation cohérente et sensée. Délibérément je ferai oeuvre de fou, comme faisaient innocemment les surréalistes de la belle époque. Je parlerai de Dionysos et de Zevs comme de comtemporains puisqu'aussi bien ils sont, au moins pour moi, plus contemporains que bien des gens d'aujourd'hui. Mon espace psychique comprend de vastes périodes dites révolues, surtout antiques, mais modernes aussi, et de bien des continents. C'est la liberté du poète et du rêveur de n'être d'aucun temps et d'aucun pays.

Je me propose de décrire la surface blanche et noire de ma conscience, inconscient y compris, dans la mesure du possible, entraîné de longtemps à la contemplation de la vie diurne et nocturne, familier de l'univers des rêves et des fantasmes ad libitum, frotté de bien des expériences de vision noctambulique, onirique voire mystique, et désireux de lâcher la bride à ces monstres et ces anges qui s'agitent en moi comme un peuple de lucioles et d'astres fornicateurs.

Dans cette veine on pourra lire cinq petits essais sur l'originaire, puis d'autres sur la surface du Moi. Je ne sais où cela me mènera, mais peu importe. Le projet en vaut l'essai. GK