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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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5 novembre 2009

ALETHEIA : de la VERITE

Heidegger interprète ALETHEIA comme dévoilement. Oubli de l'Etre, et pressentiment de l'Etre à travers les voiles de l'étant. Je dirais plutôt : oubli du Chaos, dans nos confortables représentations, nos images, nos conventions et nos "soucis". A-lètheia c'est la fulguration, dans l'expérience de la brèche, d'une non-représentativité de fonds, d'une énigme impensable. L'Apeiron à l'arriére-plan, qui soudain fait irruption dans l'intuition que toute présence se donne à voir et à penser sur fond de chaos.

Cette intuition est commune à bien des penseurs qui la nomment comme ils peuvent, mais ont l'intelligence de ne pas s'illusionner sur la valeur de cette dénomination. Ainsi Schopenhauer qui nomme le VOULOIR-VIVRE, mais reconnaît dans le même temps que la nature de cette énergie lui reste impénétrable. Montaigne faisait remarquer plaisamment qu'il est fort douteux que Platon ait cru à ses Idées, Pythagore à ses Nombres et Démocrite à ses Atomes. Ce ne sont là que nobles farcissures nominales, qui ne renvoient en somme qu'à notre inaptitude à la connaissance vraie. Reste que l'évidence vécue du non-savoir fondamental est une expérience décisive, et fondatrice. Selon moi, c'est à cela que se reconnaît le philosophe, et le poète.

Marcel Conche dit plus simplement : "il y a". Quoi que l'on puisse sentir et penser, et dans le doute radical, et dans la présence incertaine des choses, quoi que l'on fasse : il y a. Il y a des arbres et des rivières, et que l'on croit ou non en l'existence réelle de ces choses, que les arbres ne sont peut-être que des images ou des illusions, peu importe : il y a. Je ne peux dire ce qu'il y a, je ne sais rien de la nature des choses, mais il y a. C'est le fonds obcur, insondable, l'inépuisable donation, que je l'appelle comme on voudra. Le plus simple, encore, est de faire comme les Grecs, et de dire : physis, "ce qui naît et croît, et meurt et se renouvelle interminablement." A condition de ne pas recommencer le travail de reconceptualisation, de réification intellectuelle, et de s'imaginer que nos savoirs rendent compte le moins du monde de la cette "physis". Pour notre intellect Physis reste, et doit rester, le Chaos, non comme "désordre" mais comme fonds originaire, source absolue.

En quoi le vers 116 de la Théogonie d'Hésiode est indépassable : "Or donc à l'origine exista Chaos" - et de là tous les éléments, et tous les dieux. Mais en toute rigueur le poème pourrait s'arrêter à l'évocation de l'indéfinisabble Chaos.

A-LETHEIA c'est le dévoilement, dans la limite assumée de toute parole, de ce que "il y a", réel pur. Le reste est littérature.

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