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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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29 octobre 2009

De l'ANGOISSEMENT, et de la LIBERTE PSYCHIQUE

Le symptôme, c'est ce qui protège de l'angoisse. Vient un moment, parfois, où les enbesognements du symptôme cédent, et c'est le hiatus. Par cette brêche l'angoisse fait retour. Mais j'aimerais, quant à moi, commettre un néologisme, plus expressif de l'expérience psychique : angoissement, plutôt qu'angoisse, signalant par là le mouvement d'envahissement, l'irréfutable montée des eaux dans une âme déboussolée.

D'aucuns déclarent que dans la psyché seule l'angoisse est expérience de vérité, moment de révélation trouble de la subjectivité, ordinairement occupée à tous les jeux du semblant et du paraître, y compris du paraître-pour soi, dans l'ordinaire mauvaise foi de ce qu'il est convenu d'appeler la vie. Mais quelle est donc le sens de cette "révélation", vécue comme malheur, voire comme honte dans celui qui en est saisi, rapté à son corps défendant?

On dit quelquefois que l'angoisse est la douleur du manque. Je ne le crois pas. Le manque est privation, éventuellemnt frustration. Du manque nous parvenons assez bien à nous accommoder, puisqu'aussi bien il est une constante indépassable de la vie psychique. Et la richesse, et l'abondance des biens de toute nature n' y changent rien de fondamental. Insatisfaction, si l'on veut, envie et jalousie, ressentiment et hargne soit, mais pas l'angoisse.

L'angoisse est ce signe qui marque la proximité extrême de l'objet du désir inconscient, le frôlement démonique du fantasme, pour une âme déboussolée. C'est de cela qu'à l'ordinaire nous ne voulons rien savoir. Ne pas voir, ne pas voir ça, ne pas savoir. Hé quoi, quel est donc ce terrible, cet effrayant démon? Et comment pourrions-nous le nommer, le signifier, lui dont nous ne savons que trop que nous ne voulons rien savoir?

Etrange savoir, en vérité, qui ne se constitue que de se nier, de s'effacer dans les ténèbres de la benoîte méconnaissance! In-su qui se sait en quelque sorte su de se refuser comme su. Simple dénégation chez les uns, déni massif chez les autres. Mais le déni a cet avantage exorbitant qu'il oblitère toute l'opération et enfonce ce su-nonsu dans les marécages de la forclusion. La paix psychique, et la mort du désir sont à ce prix.

Pourquoi l'extrême proximité de l'objet fait-elle vaciller le sujet? Crainte du "débordement pulsionnel" , voire de l'effondrement. Je ne parle pas des mille et un petits objets de nos ordinaires souhaits. Je parle du désir inconscient. Celui-là est bien incommode, dans ce registre du présent-absent, de l"innommé, de l'éternel renaissant.

Hypothèse : l' objet, insaisisabble jusque dans son flamboiement même, ne serait-il, en dernière analyse, que le trompe-l'oeil, le mirage, le masque bigarré d'un irréductible non-objet, d'une faille indépassable dans l'ordre du discours, d'une brêche structurelle, d'un manque si l'on veut, mais infiniment plus radical que tout manque assignable, "défaut" originaire du symbolique et du langage? De cela certains font Dieu, ou le Grand Autre, expectant quelque réconciliation ou réunification terminales, ici-bas ou ailleurs, religions, mythologies, idéologies, dans une concaténation signifiante qui abolirait et le désir et la mort?

Un soupçon : ce que nous appelons Dieu ne serait-ce qu'une diablerie du langage renvoyé à son essentielle et indépassable caducité? Hölderlin disait : "C'est le défaut de Dieu qui sauve". Le prix de cette liberté c'est l'angoisse du désir. Statut de l'"a-theos".

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