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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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16 octobre 2009

RESOLUTION ETHIQUE ET NON SAVOIR TRAGIQUE

La résolution c'est la décision. Mais c'est d'abord la solution, et peut-être un redoublement de la solution, exprimée dans le "re" qui ouvre le mot.  Premier moment : je vois la solution, deuxième moment, je la fais mienne, dans un accord interne entre le désir et la conscience. Décision. Ce que je voyais, j'en fais une affaire personnelle, dans un vouloir, une auto-détermination qui m'engage. Ainsi en va-t-il de la joie comme décision et résolution éthiquue : je décide que ce qui se profilait comme un possible devient une nécessité interne.

On dit quelquefois que dans la vraie solution le problème disparaît. Image de la solution chimique : les ingrédients constituants perdent leur nature propre pour se résoudre dans une composition neuve et originale. Dans la vie concrète les choses sont un peu plus compliquées. Certains problèmes disparaissent en effet, mais d'autres ne peuvent totalement se résoudre. L'optimisme nous fait miroiter un bonheur sans partage, mais c'est une illusion. (Schopenhauer déclare que l'optimisme est plus qu'une naîveté, un crime contre l'esprit). Le pessimisme se complaît dans le négatif et aspire à nous convaincre de l'inanité de nos efforts. Je suis partisan de la conception tragique : la vie demeure déchirée ; entre le possible et l'imposssible s'ouvre un infini que rien ne peut combler.

"N'aspire pas, mon âme, à la vie éternelle

Mais épuise le champ du possible" (Pindare, cité par Valéry en tête de son "Cimetière Marin").

Le pur tragique est chez les Grecs de la grande époque. Homère, Pindare, Eschyle, Sophocle. Par la suite un certain optimisme, avec Socrate, fera dégénérer le tragique. Mais toujours les Grecs sauront poser la limite : "Rien de trop". Le trop c'est l'aspiration infinie vers l'infini. Et le dernier, Pyrrhon, fera résonner cette loi du non-savoir conscient, de l'inconnaissable et de l'inaccessible.

Le coeur de la résolution éthique c'est le savoir inébranlable, la certitude absolue d'un joyeux renoncement. Nous sommes face à l'abîme et rien ne nous permet de le franchir. Cette certitude, douloureuse d'abord, fonde un nouvel humanisme, non de la conquête éperdue et pathologique, mais d'un juste positionnement dans le relatif. Le seul absolu c'est la frontière. Mais en deçà de cette frontière explorons les possibles, et réjouisssons-nous.

C'est la grande leçon : l'Apeiron (l'Illimité d'Anaximandre) n'est pas l'affaire des hommes. C'est dans l'espace de la Peras (la limite, la frontière, la borne) que se déploiera, et le sentir, et le penser et l'agir.

Le Tragique c'est le Joyeux. Paradoxe nietzschéen. Difficile à saisir, et décidément libératrice, cette parole!

PS : A méditer : solution, résolution, dissolution, absolution. Tout un programme!

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