EROTAS : les SUPPLIQUES de SAPPHO
Toi, déesse, impitoyable et secourable
Epargne ce coeur meurtri tout en attente
Du désir qui me blesse et qui me déchire
Apaise la souffrance!
Tu me chavires, tu mords, tu me ravages
Et je souille ma couche de mes larmes
Au dédale maudit, enchanté du désir
Qui toute me laboure.
Oh je voudrais, déesse aux yeux pers, me perdre
Consumer le dur délire de mon coeur,
De la falaise haute me jeter nue
Dans les flots qui m'emportent!
PS On ne sait si la Sappho poète du désir et la Sappho qui s'est précipitée dans la mer par désespoir d'amour sont une seule et même personne, mais il sied au poète moderne de les identifier sans ambages, dans cette ultime extase qui réconcilie le désir et la mort. Est-il plus haut accomplissement que la réunion, en un éclair, du feu et de l'eau, éléments inconciliables réconciliés?