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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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2 août 2009

De la METAPHORE

Meta-phorien c'est trans-porter. Porter au delà. Faire passer d'un registre à un autre. La métaphore est au principe de l'activité poétique. Remplacer une idée par une image, par exemple : le lion pour la puissance paternelle ou royale. Dans cet exemple le même signifié court du premier registre au second, seule change le signifiant. Quand je veux saluer la virginité je parlerai de la neige immaculée. Le problème c'est qu'en recouvrant le premier signifiant (la paternité, la virginité) par le second (le lion, la neige) je cours le risque d'obcurité. Mais aussi quel merveilleux déplacement! J'ouvre à l'imagination l'espace de l'infini.

Hume avait recherché les principes généraux de l'asssociation des idées. Ce qui lui fit découvrir la similtude et la contiguité. Par la simitude j'accède à une série quasi infinie de sensations, d'impressions, d'images et d'idées qui s'appellent par une sorte de parenté sensible ou intellectuelle. C'est déjà ce qu'on appelle ici la métaphore. Quant à la contiguité, sapatiale ou temporelle, elle nous invite à investiguer le proche, et de proche en proche, à parcourir un vaste espace de proximités, sans autre lien que la proximité elle-même. La contiguité est factuelle, sans nécessité interne, "phénomélogique" si l'on veut. Pensant à la Gascogne j'en viens tout naturellemnt aux Gascons, à D'Artagnan, à Porthos, à Athos, à Aramis, à Monsieur de Tréville, à Alexandre Dumas, aux contemporains de Dumas, et ainsi de suite. Série sans logique de nécessité, livrée aux caprices de ma mémoire, et quasi inintelligible à autrui. Pour en suivre le décours il faut un compendium, un livre de bord, une boussole. Dans la métaphore, à l'inverse, le lien paraît naturel, ou pour le moins déchiffrable. Un sens est préservé, parfois inapparent, mais en principe intelligble. C'est ce qui fait la puissance de l'évocation poétique.

Freud oppose la condensation (Dichtung) ) au déplacement (Verschiebung). La condensation reprend la métaphore, le déplacement la contiguité. Remarquons qu'en allemand Dichtung veut dire condensation, mais aussi poésie. Le lien de la métaphore et de la poésie se trouve ainsi confirmé par la logique langagière. Nos rêves sont des productions poétiques à part entière, mais non sans participation du déplacement, ce qui complique le travail d'interprétaion. Nous savons aussi qu'il ne suffit pas de rêver pour faire de chacun un poète. Du moins la puissance latente de l'inconscient est-elle située du côté "poiétique".

Lacan remplacera clairement la condensation freudienne par la métaphore, et le déplacement par la métonymie. L'inconscient, pensé comme langage, suit les règles de la rhétorique.

La poésie, donc, est métaphore. On peut se demander pourquoi. La métaphore peut tourner à l'obsession, au tic littéraire, embrouillant le malheureux lecteur dans un écheveau inintelligible d'images et de références. C'est l'effet que me fait parfois la lecture de tel poète moderne qui semble plus soucieux de dérouter le lecteur que d'éveiller sa créativité. La métaphore, pour être juste et signifiante, doit exprimer une logique nécessaire, immédiatement sensible, irradiante. C'est évident chez Héraclite. Il n'est obscur que pour le paresseux, ou l'intellectuel gâté par le rationalisme(Socrate).

"Le dieu est un enfant qui joue aux osselets". Ici la métaphore explose sous l'effet d'une prodigieuse surdétermination, qui accueille, légitime, exalte une pluralité de significations. Notre curiosité métaphysique, notre sensibilité artistique, notre ignorance ouverte, notre savoir même sont potientalisés à l'extrème, déverrouillés, sublimés dans une expectative pleine de recueillement, de gratitude et de beauté. Au sens strict nous ne comprenons pas, mais d'une manière paradoxale nous sommes parfaitement éclairés, conviés à la table de Zeus, à partager le nectar et l'ambroisie.

Rares, et précieux entre tous, sont les poètes qui nous exaltent de la sorte. Non par quelque complaisance morbide au mystère, mais dans la parfaite clarté, la parfaite synthèse du corps, de l'âme et de la pensée.

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