MARS et VENUS
"Toi seul accordes aux mortels le bonheur de la paix
Puisque le dieu des armes, maître des combats féroces
Mars, vient souvent se réfugier en ton sein
Vaincu par la blessure éternelle d'amour.
Il y pose sa belle nuque, puis levant les yeux
Avide, s'enivre d'amour à ta vue, ô Déesse
Et ployé contre toi supend son souffle à tes lèvres.
Lorsqu'il reposera, enlacé à ton corps sacré
Fonds toi en son étreinte et tendrement exhale
Pour les Romains, Grande Vénus, tes prières de paix" LUCRECE I, 31à 40)
Vous connaissez peut-être le grand tableau de Botticcelli, du même nom : Venus et Mars. On y voit Mars allongé sur la couche d'amour, tout alangui après la jouissance, pendant que Venus le regarde avec tendresse, mais non sans un certain détachement paradoxal. Elle est toute habillée à la florentine, le corsage sagement fermé, pendant que son amant expose sa virile nudité et sa béatitude. Etrange contraste! Le moderne s'attendait sans doute à voir Vénus denudée, au moins en partie, et Mars plus pudique. Non, c'est Mars qui exhibe ingénuement les signes évidents de la douce fatigue qui suit l'amour. L'ensemble du tableau respire la volupté païenne, affranchie de toute censure, dans le détachement souverain des corps, et l'innocence espiègle de la jeune fille, triomphalement libérée. Bientôt suivront la magnifique Naissance de Venus et le Printemps, dont il est vain de célébrer la splendeur matutinale!