HAUTE MARCHE
Sur la crète raide
Entre ubac et adret
A petits pas, à petits pieds
Il avance, il avance
Transi de terreur froide
Cou roide, mains glacées
La moindre glisse et c'est la mort.
D'un côté, tout en bas, c'est la plaine
La douce plaine aux aimables bocages
Les chalets, les étables, les chevaux
Les blanches fumées dans l'air tendre
La vie plus facile des hommes et des bêtes
L' ennui serein d'un temps circulaire et fermé.
De l'autre
Un effroyable gouffre noir
Arbres tordus dans la bise
Et tout au fond un lac glacé
D'étranges ombres qui labourent la surface.
Quoi d'autre sous les eaux? Quelles forces
Terrifiantes? Le voyageur frémit
Redresse le regard sur la crête incertaine
Un pas de plus, un pas
Jusqu'où, pauvre homme, jusqu'où
Entre deux spectres de la mort?
L'auberge, la chaude auberge pour une nuit
Demain, la marche, la marche encore
Entre les deux abimes.