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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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20 juillet 2008

DU REEL III

Si nous suivons une ligne psychologique, nous rencontrons à nouveau Epicure et Lucrèce, bien avant Freud et Lacan. Les atomes  chutent dans l'infini du vide, ce qui a priori donnerait la pluie monotone des verticalités sans contact entre elles. Rien, de cela, ne peut naître ni prospérer. Ni Physis ni Histoire, rien que la chute de particules isolées à l'infini, destinées à ne jamais se rencontrer. Royaume de la mort éternelle. Si maintenant nous posons que certains atomes, "en des lieux et des temps également imprévisibles", se "déroutent", c'est à dire ici, échaoppent à la monotone trajectoire verticale et dévient d'un minimum - clinamen dira Lucrèce - tout devient possible  : dérivation, donc choc, donc contact, donc impulsion, donc naissance d'une troisième énergie qui ne résulte pas simplement de la somme des deux précédentes, donc aléatoire d'une combinaison imprévue, naissance d'une ellypse, ou d'un tourbillon par répercussion de chocs en série, "effet catastrophe" à entendre ici comme accumulation incalculable de causes-effets entrelacées, donc genèse d'un flux, d'un orage cosmique, d'une "araignée stellaire", d'une constellation, d'un "cosmos". La naissance d'un monde suppose le clinamen comme modèle porté au maximum, géréralisé à toutes les sphères d'existence. C'est ainsi que naït la Physis, à condition de préciser tout de suite qu'il n' ya jamais eu de commencement de ce genre, que le clinamen n'est pas à entendre comme une explication historiale ou génalogique, mais comme un simple modèle, quoique de portée universelle. En d'autre terme le clinamen n' a jamais commencé, mais il faut penser que les atomes ont de toujours été doués d'énergie, de mouvement soudain et imprévisible, de "liberté" (dans un sens purement topologique et énergétique) donc de virtualité créatrice par enchaînements des causes-effets - un peu comme une pierre qui roule entraîne une avalanche qui dévale et qui se grossit de tout ce qu'elle rencontre. Le Tout n' a jamais commencé car de toujours il y a eu de telles dérivations qui ont créé et détruit des mondes périssables comme le nôtre. Eternité du Tout, mortalité des corps, isonomie universelle, passagèreté des corps. Le clinamen, comme modèle, "explique" à la fois la naissance des mondes, leur développement et leur fin nécessaire. De même pour l'Histoire : pas de société sans clinamen, pas de société hors nature.

Lucrèce, avec son génie exceptionnel, a vu d'emblée la portée psychologique de cette conception : les corps s'attirent, se complaisent, se heurtent, se repoussent, s'enteredéchirent, se lacèrent, se frappent, se caressent, s'étreignent dans la passion sans jamais parvenir à autre chose qu'un contact passager, de guerre ou d'amour. Mars et Vénus symbolisent fort bien cette union-désunion, cet amour-désamour qui embrase tous les êtres doués de sensibilité. Un Grec parlerait plutôt d'Aphrodite et d'Arès. Sexualité, agressivité. Pulsion de vie, plusion de mort. La vie entre deux morts, également inévitables. Le sexe comme puissance d'attraction, comme force Vénusienne, comme principe de vie, de création et de reproduction (Alma Venus), mais aussi d'esclavage passionnel, et de destruction pathologique. Parfois Vénus séduit et calme Mars, lequel s'endort jouissant dans ses bras, parfois c'est Mars qui s'agite, défait les alliances, ouvre les conflits et répand le sang de par le monde. Ce qu'on appelle histoire n'est après tout que ce dialogue interminable et sans issue de Mars et de Vénus. Vivre c'est combattre, jouir et mourir.

( A ce sujet voir le tableau de Botticcelli : Mars et Vénus. Celui qui jouit le plus n'est pas celui qu'on croit !)

Pour notre exploration du Réel tout ce qui précède est de la plus haute importance : si le réel, comme nous l'avons dit, c'est la rencontre en tant que telle, hors de toute programmation, finalité et intention, comme surgissement créateur-destructeur, alors le réel par excellence c'est le sexuel d'une part, la destruction de l'autre. Et les deux sont imbriqués la plupart du temps. Ce qui fait que le réel, sous ces deux formes contient une charge (atomique!) (nucléaire) qui a de quoi nous inspirer l'effroi, l'angoisse, et dans certains cas la jouissance.

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G
J'aime bien cette histoire. Un bouddhiste n'aurait pas fait mieux!
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