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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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17 mars 2008

CROIRE et OPINER

Si toute représentation, comme on l'a vu plus haut, est une sorte de croyance il n'y a vraiment aucune solution. Si tout est soit image soit concept on ne peut  sortir de la représentation, et dès lors , que choisir?  "Que sais-je" se demandera Montaigne, à l'épreuve du pyrrhonisme. On aurait pu et dû en tirer une leçon de relativité générale, admetttre le caractère conventionnel et social du savoir, tolérer les opinions qui ne nuisent à personne, créer une sorte de démocratie de la recherche désintéressée, une bibliothèque des opinions en vigueur, une université bienheureuse, tolérante et réjouissante des toutes les affabulations, dérivations, ratiocinations et vagabondages intellectuels imaginables. On se serait "disputé" dans le sens scolastique du mot, en toute camaraderie de folie douce, de rêvasserie et de spéculations itératives et funambulesques, éclusant sec à l'occasion, et jamais dans la haine ou la volonté de vaincre. Programme rabelaisien s'il en est! Au lieu de quoi on a installé ou peu partout les bûchers de la Très Sainte Inquisition, torturant les corps, ravageant les âmes, saccageant les cultures vivantes pour les "thibétiser" à la chinoise.

Si on éteint la racine du croire on ouvre toutes grandes les portes de l'opiner. Il est bien dommage que ce beau mot de la langue française sonne si bizarre à nos oreilles, pourtant quelle merveille! Liberté d'opiner, plutôt que liberté d'opinion! Car opiner est un verbe, donc une action, une création subjective, erratique et poétique et non une donnée intellectuellle préalablement forgée et galvaudée par les autres, surtout la tèlé et les journeaux. Que ne me laisse-ton opiner, de par Zeus! Et n'est ce pas ce que fit notre admirable Montaigne à longueur de pages qui déclare "Je puis bien me contredire de ci et de là, mais la vérité jamais". C'est qu'il avait parfaitement saisi le caractère fuyant, abcons, abstrus, divers et varié de ce mot de vérité, qui , dans le meilleur des cas signifie : opinion jugeante, donc "opination", si je puis me permettre. Il n' y a nulle vérité en philosophie, ni mondaine ni sacrée, ni immanante ni transcendante, il n'y a que des opiners qui impliquent des comportements divers.

Et c'est là que nous retrouvons notre problème et une solution non pyrrhonienne mais épicirienne. En théorie toute opinion en vaut une autre si elle peut s'argumenter en raison : "Les choses ne sont ni connaissables, ni mesurables, ni vraies ni fausses, ni les deux  ni aucun des deux".(Pyrrhon) .Par contre il ya des opinions destructrices dans leurs effets. Si Christ est le seul Rédempteur il faut par charité brûler le corps des hérétiques pour blanchir leur âme et ainsi leur ouvrir,  malgré eux, les portes de paradis. Opinion qui théoriquement n'est pas pire que le stalinisme , mais qui singulièrement produit les mêmes effets. "Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fasse": l'inquisiteur devrait demander à être brûlé avant de faire rôtir son mécréant. Je ne sache pas que fût une pratique courante.-  Ou encore " Réjouissez vous et jouissez tant qu'il n' y a pas  préjudice pour autrui" ce qui élimine le sadisme, la torture, les camps d'extermination ou de réeéducation. La non différence chez Pyrrhon est métaphysiquement indépassable (comme le bouddhisme d'ailleurs); mais la morale pratique, je la vois plutôt, humaine et noble, chez Epicure.

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