PHILOTHERAPIE en toute modestie

Plusieurs remarques à la suite des interventiions riches et variées de certains de mes lecteurs.

Je ne sais pas si les enfants naissent heureux, mais leurs cris n'augurent pas d'un bonheur particilier. Chez  Epicure il me semble que le bonheur n'est pas donné de nature : il y faut des dispositions favorables (dans l'organisme), un environnement convenable, des conditions sociales et politiques favorables, et enfin une âme forte et une pensée assurée. Le plaisir ne va pas de soi : il s'agit bien d'une pensée du plaisir , même si elle s'enracine dans la connaissance sensible de la nature. La preuve c'est bien que la plupart des hommes courent après les biens imaginaires (opinions creuses), sont déterminés par leurs passions d'avidité et de jouissance brute, sans parvenir à cette sorte d'aristocratie de l'esprit que représente l'épicurisme grec, pensée de la rareté,de la noblesse et de la générosité. Mais aussi de l'élitisme psychologique.

Sur ce second point je voudrais rappeller les grossiers contre sens entretenus surtout par les chrétiens sur "les pourceaux d'Epicure" et la vulgarité malveillante de ces gens qui confondent épicurisme et débauche. Mais cela est bien connu. Ce qu'ils ne peuvent supporter c'est plutôt qu'on prétende fonder une éthique sur une philosophie exclusivement naturelle, sans dieu créateur, sans providence, sans causalité intelligible, sans finalité morale. Que le monde soit commeil il est, divers, varié, injuste et juste, affreux et plaisant, favorable aux riches et invivable aux pauvres, qu'il n' y ait aucune instance pour juger d 'une âme après la mort, et qu'au fond tout soi parfaitement indifférent dans l'immense univers, livré aux hasards des combinaisons atomiques et dépourvu de justice divine. Bref on construit de toute pièce un monde imaginaire pour angelots et monstres hideux, on invente un enfer et un paradis, un dieu justicier final, et l'on veut que tout cela ait du sens! C'est exactement l'Anti-judaîsme et l'anti-christianisme, et globalement la réfutation absolue de toute pensée monothéiste. S'il est assez facile aujourd'hui d'être athée ou agnostique, il est bien plus difficile de porter cette philosophie épicurienne aux ultimes conséquences et de répudier toutes les idéologies du Bonheur, du narcissisme et de la rentabilité qui sévit de nos jours. Le plaisir selon Epicure n' a pas grand chose à voir avec le consumérisme, le gaspillage des ressources, le culte narcissique et l'individualisme tels qu'on les prône aujourd'hui. Aujourd'hui un vrai épicurien choisit plutôt la pauvreté philosophique, une vie quasi ascétique, un refus obstiné des vanités du jour, de l'exhibitionnisme en honneur à la télé. Le plaisir certes, mais un plaisir "constitutif" et non artificiel, fondé sur la connaissance de soi et de la nature, sans idéologie ni religion, sans pathos et sans fièvre. "Ce qui fonde la religion, dira Freud, c'est le besoin de sens "

De ce point de vue les choses sont simples : c'est Socrate, Platon, Aristote, les Stoîciens, les Monothéistes  ---- ou bien Démocrite, Epicure, Lucrèce. Il n' a pas de troisième voie.

Je voulais, pour finir,rappeller modestement que la cinquantaine d'articles publiés ici depuis huit mois sous le titre de "PHILOTHERAPIE" sont des tentatives personnelles de prolonger la pensée antifinaliste antique dans le monde d'aujourd'hui. GK