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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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29 janvier 2008

La VOIX de l' ANIMA (suite) : philothérapie

Il est quasi impossible d'avoir une relation directe avec l'inconscient, et plus encore avec l'inconscient archaïque. De plus, pour la plupart des gens un tel dialogue est en soi inconcevable, totalement hors de leur préoccupation vitale. Il faut être un de ces rêveurs impénitents, de ces farfelus de l'introspection et du délire intérieur pour s'intéresser à de telles choses. Mais quand on appartient, par destin ou infortune, à cette étrange confrérie, rien n'y fait, on ne peut en aucune manière en guérir. C'est une maladie délectable en soi, avec d'effroyables abîmes, d'immenses dangers et de merveilleuses expéditions sahariennes, arctiques et tropicales. Et au plus vif du péril, dans les pires tremblements, on se dit que malgré tout une telle vie, incertaine, aventureuse, "pericolosa", on ne voudrait en rien l'échanger contre la vie d'un artisan ou d'un politique. C'est le  "démon" qui est plus fort que nous, qui nous entraîne dans les ravines obscures, les dédales de l'âme et les recoins les plus réculés de la connaissance, et que faillir serait perdre toute estime de soi, et toute raison de vivre. J'admire Montaigne pour sa ténacité si molle en apparence, si faussement humble et discrète, et en réalité ferme comme le poignet d'un sabreur! "Moi et mon livre nous ne faisons qu'un". Et j'admire Schopenhauer qui très jeune déclare qu'il consacrerait sa vie à déchiffrer l'énigme de la vie! Sans parler de Bouddha, d'Héraclite, de Pyrrhon, les plus grands. Et plus grand que tout est l'esprit qui, non content d'avoir fait les voyages les plus singuliers et les plus extrêmes, en tire un enseignement pratique pour aider ses contemporains. : les "philothérapeutes ".

J'ai retrouvé hier quelques éléments qui permettaient de situer à peu près la problématique de l'Anima. Mais ce sont encore des approches très grossières, bien qu'exactes. L'essentiel reste à dire. En fait j'ai plus parlé de ce qui m'empêchait d'y avoir accès. Ce je n'ai pas assez vu c'est l'émotion extraordinaire qui accompagne la remontée de ces brûlantes images. En particulier la fièvre devant l'image réelle, sensible, j'allais dire palpable de la jeune femme dans la splendeur de ses atours naturels, dans son regard, sa tenue, sa démarche, en fait tout ce qui fait d'elle une femme, quelque chose d'absolument différent de ce qu'un homme peut être ou incarner : l'Autre. Un Autre autre. Pas une ressemblance, pas une doublure, le radicalemnt Autre dans sa différence inassimilable, irréductible; définitive. C'est peut-être cela que le psychotique ne supporte pas: qu'il y ait de l'Autre, du Non-soi, qui peut lui paraître imédiatement comme une menace, une effraction contre l'intégrité de son Moi.

Il ya l'Autre de l'apparence globale, l'Autre avec des seins, comme la mère, ou la tante. Piera Aulagnier faisait remarquer très justement que le père, ou l'homme vu par le tout petit enfant, c'est L'Autre sans seins. Dans cette première figure du masculin c'est le manque qui est perçu, en comparaison avec la générosité des seins maternels! On comprend aisément dans ce cas que la figure du père reste longtemps bien à l'arrière de la figure maternelle, de la poitrine maternelle, de la peau maternelle, infiniment plus gratifiantes et libidinales! On ne saurait trop y insistyer : c'est le contact de peau avec la mère qui éveille la libido de l'enfant, qu'il soit fille ou garçon. Il en résulte que le premier Autre, c'est la mère. Et que la figure de l'Anima, ou mieux l'imago inconsciente de l'Anima soit irrévocablment teintée des premiers émois des contacts maternels.

Premier bilan : dans ce complexe inconscient de l'Anima nous avons les traces indélébiles de la peau et des seins maternels, puis les figures annexes des substituts maternels, puis les tantes, soeurs, cousines, camarades, grands mères, et une quantité de figures mythologiques issues des traditions familiales, religieuses, culturelles. Par exemple je ne peux me dissimuler le rôle important joué dans mon enfance par la figure de la Viege Marie, dont le portrait figurait en bonne place dans la chambre de mes grands parents, l'Enfant Jésus dans ses bras, pendant qu'un angelot bigarré jouait de la trompette dans le coin haut, à droite d'un tableau bysantin. Et plus tard je fus expédié dans un internat religieux tout dévoué au culte de la Vierge! Peut-être ai-je fini par trouver quelque resemblance entre elle et la sublime image d'Artémis, chaste elle aussi, et soeur d'Apollon!

Ce qui est proprement psychotique dans le catholicisme c'est cette dualité contradictoire de Marie, d'être simultanément vierge et mère de Jésus. Il y a là un noeud! Ainsi donc nos mères, qui nous ont engendrés, sont restées mliraculeusement vierges, contre toutes les logiques physiologiques! Il est quand même un peu débile d'aller chercher un secours du côté de l'Esprit Saint pour consommer l'union! On me dira que ce sont des mythes, des allégories spirituelles. Soit. Mais pour un enfant légitimement curieux cela ne facilite pas sa compréhension de la sexualité maternelle, sans parler de l'exclusion psychotique du père géniteur! "Toutes des putes, sauf ma mère"  N'est-ce pas éclairant! Et cette formule là je l'ai entendue au milieu d'une séance de psychodrame analytique! Le type en question ne pouvait supporter un instant que sa mère pût avoir des menstrues comme toutes les autres femmes! Ainsi donc, dans l'Anima, quoi qu'on fasse, il faut placer la sexualité. Mais laquelle?

C'est là que les choses se compliquent singulièrement. C'est quoi le sexe de la mère? Peut-on y penser sans tremblement, honte et culpabilité? Heureusement il y avait, à cette époque bénie des dieux, des vaches, des lapines, des chiennes, des truies et autres bestiaux féminins qui étalaient assez complaisamment leur anatomie. Mais les femmes! Est-ce possible? Elles seraient donc faites de cette façon-là? Je ne sais comment raisonne la petite fille, mais pour le garçon c'est une sacrée affaire!  Ainsi donc la mère est trouée, et plus encore, elles le  sont toutes! Décidément l'Anima ce n'est pas seulement l'Autre dans son apparence externe, c'est aussi, et surtout, l'Autre du sexe!

Mais alors, la Vierge Marie? Comment ne pas soupçonner une gigantesque tromperie universelle, un mensonge à l'échelle cosmique? Qu'a-t-on donc voulu me faire croire? Et dès lors, la sainteté, c'est quoi? Que m'a -t-on raconté qui ne soit  un massif d'absurdités? Et qui croire maintenant si les meilleurs des hommes ont pondu une histoire aussi grotesque?

Heureusement la Grèce était là, éteinte, c'est entendu, depuis deux mille ans, mais toujours vivante dans ses mythes fondateurs et impérissables. Il y avait la sublime Korè que je vénérais à distance. Il y avait Aphrodite dont le culte m'était encore impossible, il y avait Orphée et Eurydice, Pâris et Hélène, et, plus simplement, plus prosaïquement, D'Artagnan et madame Bonacieux, Athos et Milady.

Et un jour il y eut la Belle d'entre les Belles, que j'épousai.  GK

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