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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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16 janvier 2008

DU FANTASME (suite3) : philothérapie

En commençant cette série de réflexions je soutenais une thèse, que voici : la découverte puis la traversée du fantasme ne représente pas un aboutissement vivable et satisfaisant de la cure analytique. Je n'ai rencontré que trop de gens qui après cette épreuve se sont retrouvés complètement désarticulés, hagards, erratiques et déboussolés. Le fantasme est un terrible conditionnement fondateur qui condamne le sjjet à la répétition indéfinie des mêmes pensées et des mêmes comportements. Rien de plus aliénant, c'est entendu. En contrepartie le fantasme donne une structuration, névrotique peut-être, mais efficace qui agit à la manière d'un automatisme psychique : l'image du monde est stable, même si elle est fausse ("personne ne m'aime, je suis condamné à mendier l'amour" - comme exemple) ; les représentations sont relativement fixes et structurées, les comportements relativements stables, bref le sujet peut y vivre, sauf si le fantasme est particulièrement dévastateur, comme dans le cas des pathologies narcissiques, où règne une souffrance d'incomplétude, de vide et de carence affective intolérable. La conclusion logique est qu'il faut éviter de toucher au fantasme dans la cure, et le laisser tel quel, lorsqu'il n'est pas singilièrement dévastateur ou désocialisant. C'est d'ailleurs qle choix que font la plupart des thérapeutes partisans d'une cure brève, comme on le fait de plus en plus de nos jours.

En clair dans une belle névrose classique on aménagera mais on ne touchera pas au fondement fantasmatique. Dans les pathologies narcissiques c'est beaucoup plus compliqué parce que les aménagements thérapeutiques n'ont en général qu'un effet immédiat, mais sans lendemain. Une cure classique de frustration symbolique ne fera que réveiller l'immense souffrance du borderline narcissique et le plongera vraisemblablment dans une profonde dépression, ou le laissera languir sans progrès dans une ananlyse interminable ( voir les remarquables analyses d'André Green et de Bergeret). Il en résulte que le traitement du narcissique ou du borderline doit suivre une logique différente, ce que ne comprennent pas certains réputés analystes accrochés à leur lubies lacaniennes.

L'analyse du borderline rencontrera fatalement la question du fantasme puisque c'est le caractère terriblement dévastateur du fantasme qui est à l'origine de la souffrance, du moins au premier chef. Mais il est absolument catastrophique de se contenter d'un travail de déconstructuion, parce qu'il rouvre inévitablement la faille profonde de la structure inconsciente, plongeant l patient dans un vide sans fond ( Ce que j'appelle souvent dans mes textes le fond sans fond) . Le thérapeute averti sait que cet état est très dangereux et que s'il ne fait pas attention il risque fort de précipiter le patient dans le suicide. Son devoir est donc non seulement de soutenir le faible narcissisme qui existe encore, mais surtout d'injecter du sens, de proposer des supports symboliques ou imaginaux, de faire un somme un véritable travail de maternage, handling et holding, de se placer comme mère suffisamment bonne, de recréer une peau psychique, de tout recommencer à la base, comme si le patient venait de naître! C'est qu'il faut effectivement tout refaire. Il manque une peau contenante, une surface d'inscription symbolique, un édifice imaginaire qui permette une identification vivable, un goût de vivre et une capacité minimale de plaisir.

Je ne connais que trop de personnes qui présentent cette image  (souvent invisible du reste) d'une souffrance sans objet identifiable, d'une douleur corporelle lancinante, résistant à tout traitement, d'une dépressivité chronique, d'une carence affective et symbolique qui semble sans remède. Et que fait-on? De l'aromathérapie, de la sophrologie, des massages coûteux et sans effet, des manipulations ostéopathiques, des cures d'eaux, des anxiolytiques voir des psychotropes. résultat : rien ne marche, en dehors de quelques soulagements passagers, avec retour récurrent de l'infinie douleur et du désespoir. Et cette pathologie là gagne tous les jours du terrain,comme s'il s'agissait du symptôme majeur de notre civilisation. Il faut croire que notre époque est bien "L'ère du vide" comme l' a dit Lipovetzki dans un ouvrage déjà ancien, mais prophétique.

De tout cela j'aimerais parler en public, et je le ferai dans la mesure de mes moyens. Je voudrais dire enfin à toutes les personnes qui se reconnaissent dans ce tableau qu'il est possible d'aller mieux, de soulager une grande part de la souffrance, qu'il y faut beaucoup de patience et de courage, et une authentique aide thérapeutique.

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