ARBORESENCE II : mythopoiétique
III
l'ARBRE DU FEMININ
L'Anima se constelle en moi comme un herbier en fleurs.
Viens, ô mon âme,viens à moi, sois tenace!
Je sais t'accueillir enfin avec toute la douceur requise
J'étage tes arômes en paliers au jardin de Babylone
Tu t'élèves lentement en moi, ô Fleur de mon âme
Enfin, en toi, je me connais!
Tu étais la Grande Mère des hommes et des dieux
Grande épouse royale des deux terres, des deux mondes, ô Héra!
Je t'honore et t'implore ... oublie moi!
Née de l'écume, Aphrodite sauvage, toison noire fendue
Tes lèvres délivrent mille merveilles
Les bateaux de volupté s' en vont en haute mer
Chavirés par le flux d'une immense rumeur
Ah je me meurs de n'avoir su aimer!
Jeune fille, et nubile, et vierge, ma Korè
Ta peau est comme l'aube avant que l'astre ne déchire
Ta blanche robe aux mains fiévreuses d'hyménée!
Petite fille enfin, gamine aux yeux d'amande de chaton
Petite fille que j'aime tendrement
Sans rien comprendre, sans rien attendre!
J'élève l'arbre intérieur aux mille branches
Mon âme se joue de ma naïveté craintive
J'ai dix ans, j'ai vingt ans, j'ai soixante ans
Le coeur a ses saisons qui passent dans la grande année
Mon âme s'édifie par paliers au jardin de Babylone
Le roi est mort, la reine est morte, amour-toujours
Le temps s'arrète et pleure comme un candélabre
L'éternité est une adolescente aux mille bras!