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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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4 janvier 2008

TIRESIAS et la JOUISSANCE II :

A présent, déplaçons le point de vue à la manière de Jung. Imaginons que la question ne se pose pas au niveau de la relation externe entre homme et femme face à la jouissance, mais à l'intérieur de l'homme lui-même. Je dis l'homme au masculin, me réservant le droit plus tard de dire ce qu'il en est de la femme.

L'être humain est d'emblée bisexuel, non pas forcément dans la conduite extérieure, mais dans sa psyché. Pour l'homme au masculin cela signifie que la société encourage le développement du pôle masculin et décourage, voir inhibe définitivement l'autre pôle, qui existe cependant, au moins virtuellement en lui, aussi naturellement que le premier. Il en résulte une amputation, qui s'exprime souvent dans une sorte d'indifférence émotionnelle, de mépris du féminin, et une sorte d'exacerbation des valeurs phalliques. La dynamique du plaisir est également orientée dans le sens de l'affirmation du moi viril, avec de sévères lacunes du sentiment, voire même de la sensation, de l'intelligence et de l'intuition. Cela donne de belles caricatures fort utiles à l'armée et à l'industrie, mais d'une magistrale pauvreté humaine."Pour suivre un défilé militaire la moelle épinière suffit" disait Einstein. Education, culture, pensée et structuration unilatérales, comme une certaine société les produit parfaitement.

On voit mieux ici la fonction de l'anima, dont le rôle le plus évident serait de rendre à l'homme l'accès à son inconscient clivé. Jung ne pose pas l'anima comme un simple refoulé partiel, comme le serait par exemple une image sexuelle dérangeante, mais comme un véritable complexe psychique sensitif-émotionnel-imaginal et symbolique, dont l'origine ne serait pas à chercher dans quelque refoulement de l'enfance - encore que cela soit évidemment possible, mais à titre secondaire - mais dans l'organisation psychique originelle, anhistorique pourrait-on dire, comme une potentialité universelle qui peut se manifester ou pas selon les cas. Plus tard Jung parlera d'"archétype" pour mieux en souligner le caractère "collectif"- à entendre non comme un phénomène social, mais comme une virtualité présente par hypothèse en chaque être humain, dans les couches les plus profondes de l'inconscient. Quoi qu'il en soit de cette question de l'origine de l'anima, si l'on admet son existence il faut en tirer les conséquences qui s'imposent. L'anima inhibée par l'éducation fait violemment retour dans la conscience du jeune homme, dans une sorte de cyclone psychique, révolutionnant les structures anciennes et ouvrant la porte à de nouveaux désirs, troublants et parfois dévastateurs. Dès lors intégrer les exigences de l'Anima dans cette nouvelle organisation est de la plus haute importance pour le devenir du sujet. On peut être tenté de tout refouler pour préserver l'ancienne sécurité psychique, ou alors de se laisser emporter par "les orages désirés" jusque dans les conduites les plus pathologiques. De toute manière un travail colossal sera requis dans cette entreprise de métamorphose, dont certaines adolescences tragiques nous donnent le spectacle.

On comprendra sans peine que de cette épreuve surgira un autre accès à la jouissance, et à une autre jouissance. C'est l'Anima qiui inquiète et fait jouir. Entre l'exaltation de l'illimité ( L'apeiron) et la descente aux enfers chacun cherchera sa route de joie et de misère, sachant que de toute manière le Tout de la Jouissance est à la fois inaccessible et destructeur. Mais entre Charybde et Scylla il y a peut-être un chemin d'ombre et de lumière - un "Steg" comme celui que Hölderlin avait escaladé dans l'estuaire de Bordeaux. (Le merveilleux poème "Souvenir" écrit peu avant sa chute).

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