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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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23 novembre 2007

ECRIRE sur BLOG : premier bilan

Voilà six mois que j'ai commencé cette écriture sur blog. Au début je ne savais pas très bien ce que cela engageait. Je ne voyais pas d'autre moyen efficace pour entrer en relation avec un lectorat potentiel que je ne parvenais pas à toucher par l'édition classique. Des amis et des proches m'ont encouragé. Sans eux je n'aurais jamais franchi le pas.

Cette activité nouvelle je la voyais comme le prolongement naturel de ce que j'avais entrepris dans le café philo (qui marche très bien) et de l'atelier philo qui se développe et attire un public de plus en plus large. Cela ma semblait constituer une base solide pour engager plus loin ce travail philosophique nécessaire, libre et gratuit, qui déjà portait des fruits, et semblait pouvoir s'étendre sans difficulté particulière. De plus, sur un plan plus immédiatement personnel, j'avais enfin la possibilité de m'éditer directement, sans passer par les contrôles plus ou moins objectifs des maisons d'édition, sans frais et sans compromission d'aucune sorte.

Les débuts ont dépassé toutes mes espérances.  Je voyais avec plaisir et étonnement que de nombreuses personnes consultaient mes textes. Bientôt j'atteignis les mille, bientôt les dix mille consultations, et plus encore. J'en conclus que mon travail pouvait intéresser, et que certainement mes lecteurs n'étaient pas exclusivement des philosphes attitrés, ou des amis. Certains lecteurs ou consultants étaient chinois, ou belges, ou ivoiriens, ou russes, ou espagnols etc. Cela me confortait dans mes conclusions. Il fallait continuer. D'ailleurs je le pense encore.

Cela dit il y a un aspect plus critique : il faut distinguer consultant occasionnel et lecteur. Souvent quelqu'un consulte pour avoir lu, dans Google, tel bout de phrase qui semblait convenir à sa recherche en cours. Il lit rapidement une ou deux pages, et ne revient plus. Nul ne songe ici à le critiquer : cela fait partie du jeu. Aucune obligation, le lecteur ne s'engage en rien et utilise le Web à son exclusive convenance. Disons que sous cet angle un blog est une source de renseignements parmi d'autres.

Cette pratique, normale et inévitable, ne fait pas le bonheur du bloger. Il se sent en quelque sorte pillé, comme le pélican de Musset, de mille manières et sans contrôle possible sur l'exploitation qui en sera faite. Mais on n'y peut rien, il faut l'accepter, ou renoncer tout à fait. Le bloger espère un lecteur, des lecteurs. Ici deux cas de figures : pour les uns il s'agit avant tout de s'exprimer sur un mode subjectif, de témoigner de ses passions, de se faire connaître, de trouver une sorte de justification existentielle dans un monde où prédomine l'anonymat et l'atomisation. Cela est légitime, et je ne prétendrai pas être totalement quitte de cette demande de reconnaissance sociale. Mais ce n'est là qu'un objectif fort limité. D'autres, et je suis de ceux-là, conçoivent le travail sur blog comme une création destinée à autrui, comme une oeuvre d'art, ou comme un témoignage, ou comme un appel, ou comme un moyen de communication, à l'image des lieux de rencontres qui ont fait la preuve de leur pertinence. Cela implique lecture véritable, puis réflexion, puis échange, donc prise de risque dans une réaction au texte, et texte à son tour.

C'est là que le bât blesse. L'expérience montre que sur le total des consultants -ici ils sont plus de douze  mille-très peu sont de véritables lecteurs. Beaucoup de consultations ne dépassent pas une ou deux minutes. Quelques consultants reviendront ultérieurement (un tiers environ sera dénommé "ancien lecteur" par la machine). Les autres non. En soi cela n'a aucune importance. Mais ce qui est plus décevant c'est l'extrême rareté des commentaires, prises de position, réactions, demandes de clarification, contestation intellectuelle etc. J'ai eu parfois des échanges d'une très haute qualité avec telle ou telle personne. De vraies conversations philosophiques ou psychothérapeutiques. Mais au total cela est rare, si je mets à part quelques amis très réguliers qui m'écrivent et me soutiennent.

Il faut se rendre à l'évidence : le blog n'est qu'un moyen de communication parmi d'autres. Il facilite considérabmlemnt les échanges - disons d'informations  - les contacts d'intérêts ou de partenariat, les achats et les ventes, les renseignements pratiques. Est-ce pour autant un bon outil de communication? Une lectrice me faut remarquer, à juste titre, qu'il y a peut-être beaucoup d'illusion dans cette pratique, saluée par ailleurs comme révolutionnaire. Le blog ne serait-il qu'une variante de dictionnire ou d'encyclopédie, avec, en prime, le défaut majeur de la subjectivité incontrôlée? Le risque, indéniablemnt, existe. Mais il y a des blogs médiocres ou intéressants comme il y a des conversations médiocres ou intéressantes. Relisons "De l'art de conférer" de Montaigne. Il y déplore la rareté d'un entretien serré, sans concession, sans compromis, mais authentique, engagé, de bon ton et de bon aloi. C'est déplorer la rareté dans les qualités humaines. Après tout ce n'est pas la cognée qui fait le bûcheron.

Ne pleurons pas sur la médiocrité de nos moyens de communication. Pleurons plutôt sur notre inaptitude congénitale à communiquer. GK

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