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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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16 novembre 2007

NOMBRIL : mythopoiétique

Comment se fait la communication entre les dieux et les hommes dans ce quadrilatère du cosmos habité? Quadrillatère du Ciel , de la Terre, des dieux et des mortels? Certaines personnes sont habilitées, de par la tradition, à exercer une fonction psychagogique, comme la Pythie, les délivreurs d'oracles, les Sages et les Poètes. En certains lieux consacrés : Delphes, Dèlos, Eleusis par exemple. A de certaines dates. A un public choisi. Mais il y a aussi les grandes Fêtes collectives comme les Jeux ou les Dionysies. Et puis il y a les cérémonies, et enfin les rêves nocturnes où les dieux parlent directement aux mortels. Encore faut-il interpréter les rêves, et pour cela il y a les Sages et les Herméneutes. Déjà les Grecs avaient inventé une sorte de psychanalyse où le patient était invité à parler librement, dans l'attente d'une interprétaion contre monnaie. Il nous est difficile d'imaginer aujourd'hui la proximité à la fois familière et redoutable de ces dieux antiques dont chacun connaissait les vertus et les frasques, et qui s'ingéniaient si souvent à dérouter les mortels par des signes obscurs, des paroles sybillines ou des rêves angoissants. L'homme n'était jamais seul, chaque famille avait son petit autel privé, et tout Grec qui se respecte allait au temple et aux fêtes en l'honneur de la divinité. Chaque cité avait son protecteur divin attitré. Vraiment, comme le dit le poète, les dieux marchaient parmi les hommes.

Mythologiquement il faut penser que la terre avait, par le canal spirituel d'une sorte de Nombril, communication directe avec le ciel. Le lieu de ce nombril est marqué au sol par une empreinte, une cicatrice,  un monument- nu peu comme les stupâs bouddhiques. De là il fallait se figurer un courant ascendant, une colonne d'air et de feu qui reliait la terre au ciel. Nombril nourricier par où descend l'esprit du ciel et par où s'élève au ciel la rumeur de la terre. Longue spirale sans représentation possible mais aussi certaine, aussi indubitable que l'existence du vent, qui lui aussi ne peut se voir, mais qui se sent et s'entend et qui exerce partout sa puissance. L'invisible n'est pas moins sûr que le visible. Ce monde est habité, saturé des signes et de symboles, jamais déserté.

Tout au bout de l'horizon le ciel s'incline, la terre se redresse, les montagnes avoisinent puis ratrappent le ciel, les prairies, les étangs, les bosquets s'impriment dans le paysage céleste pendant que les nuages s'accoquinent avec les cimes et des rochers. Ciel et terre communiquent, mieux encore se fondent ensemble comme au premier jour, avant la castration d'Ouranos. Autrefois les hommes pouvaient monter au ciel par la courbure de l'horizon, à l'äge d'Or, mais c'est fini maintenant. C'est pourquoi il existe tous ces rites, tous ces médiateurs traditionnels pour rétablir, par delà la grande Cassure, l'unité perdue. Ce monde est centré de toutes parts, circulaire, sphérique, parfait. Le Sphaïros est le symbole de la Grande unité des quatre entités. Et au centre, le nombril. Il assure le passage. Il est le lieu de la métamorphose. Il garantit la solidarité du Grand Tout.

Rêver, c'est faire un étrange voyage entre terre et ciel, entre terre et tartare, et parfois jusqu'aux voisinages d'Okeanos, mais toujours quelque part dans l'orbe inépuisable du tout. GK

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