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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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26 octobre 2007

le TREPIED THERAPEUTIQUE

Dans l'histoire de la pensée je relève trois sommets : la tradition bouddhique, la philothérapie d'Epicure et la psychanalyse. C'est là dessus que je pense édifier une nouvelle thérapie existentielle, estimant qu' à partir de ces trois socles inébranlables on peut se munir d'un fondement assuré pour toutes les recherches sur l'homme dans l'univers. Je dis bien fondement,ce qui permet de bâtir à partir d'un sol ferme, mais n'implique nullement le développement et la finition (impossible) du bâtiment. Encore n'existe-t-il pas d'homogénéité parfaite entre Bouddha, Epicure et la psychanalyse, loin de là. Le problème est de relever judicieusement ce qui mérité d'être retenu dans chacune de ces traditions, puis de construire personnellemnt à partir de là.

De Bouddha je retiens trois idées : l'impermanence universelle, la non-substantialité de toute chose, l'interdépendance de tous les phénomènes. Cela suffit pour ruiner toute philosophie essentialiste qui croirait saisir une substance stable, une essence permanente, une divinité organisatrice, un moi fixe et immuable munie d'une âme immortelle. Cela suffit pour ruiner Socrate, Platon, Aristote, les Stoïciens, Kant et Descartes, tout le monothéisme créationniste, et partant toutes les religions contemporaines. Bouddha nous convoque à un invraisemblable jeu de massacre, dont la portée subversive n' a pas toujours été bien saisie. Je m'étonne que des chrétiens déçus puissent trouver consolation dans une tradition qui nie Dieu, l'âme et la réalité substantielle des choses. Dans toute la pensée occidentale je ne vois que les atomistes de l'Antiquité et Pyrrhon qui soient à la hauteur de cet incendie.

Cela dit je ne sais pas ce qu'est le nirvâna, je ne prends pas refuge dans les trois joyaux (Bouddha, Dharma, Sangha soit la personne du fondateur, la Loi  et la communauté). Un philosophe ne peut se ranger à une institution sans se déjuger. Je rejette tous les rites, croyances, clergés, canons, règles et cérémonies, en un mot, je m'inspire de Bouddha mais ne puis être bouddhiste. Je me suis libéré de toute communauté et institution, et ce n'est pas pour en élire une autre. La grande difficulté est d'assumer en solitaire le difficile métier de philosophe, et la vocation de poète.

Sur Epicure et l'épicurisme je me suis abondamment exprimé dans ces pages. Disons pour faire bref que je reconnais le modèle démocritéen-épicurien comme le moins faux des modèles possibles, sans polémiquer avec l'astrophysique. Ce qui compte ce n'est pas telle affirmation particulière, et contestable, mais la grandiose vision de l'univers que Epicure nous a laissée et qui reste vraie, pour autant que nous puissions en juger dans la débilité de notre constitution humaine. L'impermanence bouddhique, la vacuité, l'interdépendance universelle s'accordent sans difficulté majeure avec l'épicurisme. Bien sûr il ne faut pas rechercher trop de similitudes, notamment dans l'éthique. Mais dans l'inspiration fondamentale on peut assez bien passer d'une tradition à l'autre si on vise une unité supérieure: un univers sans créateur, sans début et sans fin, sans centre finalisant, sans destination morale ou spirituelle, un jeu de phénomènes impermanents et tourbillonnaires, des heurts, des chocs et des assemblages, une insignifiance radicale des choses.

Je sais qu'aucun bouddhiste ne me suivra dans ces developpements. Peu me chaut. ma perspective n'est pas spiritiuelle mais platement thérapeutique. Et, après tout, Bouddha ne se disait-il pas lui-même sauveur de la souffrance du monde? Encore une fois mon souci n'est pas de fidélité mais de créativié pratique.

Je me suis longuement étendu sur les qualités et les manques cruels de la psychanalyse, mais il faut tenir compte de la difficulté extrême de son projet, et des nombreux et fertiles remaniements qui ont été opérés depuis FREUD et JUNG. Les travaux récents en neurologie du cerveau me semblent également prometteurs, à la condition de ne pas induire un plat biologisme de laboratoire.Plus que tout il faut considérer l'être humain comme un organisme psychophysique sentant, percevant et désirant. La théorie bouddhique des cinq agrégats ( forme corporelle, sensation, perception, formation mentale et conscience) garde ici sa légitimité. Ne soyons pas esclaves des concepts et des théories, mais voyons plutôt la grande inspiration des créateurs, ces martinets de la pensée! Comme disait Nietzsche : une authentique philosophie survit à toutes ses erreurs et faiblesses de détail parce qu'elle porte la marque du génie, qui ne meurt jamais.

Voilà chers camarades, un beau programme! Ces trois -là ont ouvert une voie large et féconde. Ils se contredisent sur le détail. Mais on peut s'en inspirer encore pour aller plus loin. Une impulsion a été donnée, qui ne doit jamais s'éteindre. Et plus que jamais en notre époque s'agit-il de reprendre le flambeau et de se montrer digne de ces inestimables fondateurs. GK

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