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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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14 août 2007

Le PROJET PHILOTHERAPEUTIQUE

Que le lecteur me pardonne! Peut-être a-t-il l'impression d'un certain désordre dans la suite des articles, tantôt psychanalytiques, tantôt philosophiques ou poétiques, voir sociologiques ou planétiques. Ce n'est pas de la négligence, encore moins de la confusion. C'est l'esprit même de ma démarche qui commande une sorte de travail en spirale, empruntant à divers champs des réflexions apparemment disparates, mais pour moi parfaitement cohérentes et concordantes. Cela dit je n'ai pas le résultat en poche, ni en esprit. J'avance lentement, mais opiniâtrement vers un certain but que j'entrevois mais que je ne connais pas clairement. De ce point de vue je suis bien un "skeptikos", un  scrutateur, ou un explorateur. Je veux mettre au service de la connaissance, et peut-être de la pratique, si j'en ai le temps, des années de recherche obstinée, opiniâtre, une existence largement vouée au "connais-toi toi-même". Je tâtonne, mais j'avance. Voici quelques grands traits de ce projet d'ensemble, manière de faciliter la compréhension, au pas à pas, de ce que j'expose ici jour après jour. J'aurais depuis longtemps abandonné une si haute ambition si de nombreux lecteurs ne venaient s'ajouter chaque jour à ceux qui ont déjà consulté ce blog, et si des amis ne me témoignaient sympathie et encouragement. J'espère que ce grand chantier pourra aboutir, et que, comme on dit, la destinée me soit favorable.

L'idée principale est celle d'Epicure: une philosphie n' a aucun intérêt si elle se cantonne dans le spéculatif. Ne craignons pas d'utiliser ce mot impopulaire d' "utilité" que Epicure utilise très souvent, tant pour qualifier la sagesse, l'amitié que la vertu, toutes les trois utiles à la vie. Une philosophie utile c'est une philosophie pratique: elle débouche sur un certain mode du sentir, du penser, et de l'agir. La connaissance, pour désintéressée qu'elle puisse paraître, voire gratuite et gratifiante par elle-même, ne se justifie en dernière analyse que dans une logique de l'aller-retour de la pensée à la pratique, et inversement. De ce point de vue les grands philosophes ne sont pas forcément ceux qu'on désigne tels dans la tradition universitaires.

Quelle pratique? Nous n'avons ici aucune ambition politique ou géopolitique directe. Ces problèmes n'en sont pas moins présents dans la réflexion puisqu'on ne peut ignorer le temps dans lequel on vit. Mais il n'est pas question d'engagement direct. Philosopher c'est peut-être d'abord savoir se désengager, tant il est vrai que nous sommes tous spontanément crédules et partie prenante d'un système que nous n'avons pas choisi et dans lequel, ou contre lequel, il nous faut bien nous positionner. Je ne plaide pas pour un retrait hors du monde, pour un refuge sur "la montagne sacrée" ou dans un phalangstère. Je partage l'avis de Spinoza selon lequel nous sommes davantage libres dans la ville que dans la forêt sauvage. La politique nous interpelle, certes, mais nous n' y consacrerons pas plus de temps qu'il n'est nécessaire. Disons qu'elle est l'horizon historique et planétique de notre démarche.

Notre pratique est thérapeutique, s'inscrit dans une démarche thérapeutique, comme le dit clairement le titre général que j' ai choisi: philothérapie. De ce point de vue je m'inscris dans une longue tradition médico-philosophique remontant à Hippocrate, Epicure, Lucrèce, La Mettrie, Groddeck, Freud, Jung, Mélanie Klein, Winnicott, Bergeret etc. J'estime que notre époque est profondément malade, entraînée dans un tourbillon mortifère, et qu'en premier lieu ce sont les individus qui en font les frais, qui s'exhibent de plus en plus hideusement comme des symptômes, et qui nécessitent assistance et secours. Epicure, en grec, cela signifie: qui prend soin, thérapeute, secouriste, infirmier. La tradition la plus ancienne, et la plus vraie, à mon sens, associe étroitement philosophie et médecine, ce qui était encore un peu le cas dans les anciennes formations psychiatriques, aujourd'hui abandonnées au vertige technocratique.

N'étant ni medecin ni psychiatrere, ce qu'aujourd'hui je regrette amèrement, je n'en suis pas pour autant dépourvu de compétence et d'expérience. J'ai intensément étudié la psychiologie, je l'ai enseignée, je me suis formé dans d'innombrables techniques de conseil ou de soin, j'ai éeudié et pratiqué la relaxation thérapeutique, le tout en me livrant à un patient travail de psychanalyse, et comme chercheur et comme patient. A partir de quoi je sens la nécessité d'une approche globale de la personne, et sur le plan neurologique, psychiatrique, psychanalytique et socioculturel. Philosophie des trois niveaux, comme je l'ai plusieurs fois expliqué ici : corpus, anima, animus.

Notre thérapie habituelle, de nos jours, est ruinée par une approche sectorielle, unilatérale qui est des plus dangereuses. Prenons le cas d'une personne déprimée. Elle consulte le psychiatre qui va lui prescrire des antidépresseurs. Pas de résultat. Elle netreprend, suite à certains conseils bien intentionnés une cure analytique. Pas de résultat, si ce n'est une langueur persistante, inquiétante, avec pour perspective  une souffrance interminable. Au hasard d'une consultation chez le généraliste elle découvre une hypothyroïdie. Après quelques jours de traitement chimique la dépression disparaît. Ainsi donc on a perdu des mois et des mois à la soigner pour une dépression qui n'était que l'effet indirect de l'hypothyroïdie! Commençons toujours par le corporel, donc le médical, avant d'envisager des traitements psychologiques.

Et combien de dépressifs qui se traînent interminablement dans l'analyse alors que la prise régulière de psychotropes les soulagerait presque tout de suite et éviterait les rechutes? Pourquoi faudrait-il endurer mille morts si on peut trouver du soulagement? " Le prix à payer pour savoir"! Allons donc! Où voyez-vous que la souffrance rende savant? La cure analytique est-elle une torture inquisitoriale? Et pourquoi attendre trente ans une improbable guérison quand un cachet vous rend le goût de vivre?

Pour autant la dimension psychique et spirituelle n'est pas à négliger. Le travail doit se faire à tous les étages. D'où la philosophie. Peut-être un authentique travail doit-il permettre de s'élever jusque là. Il concerne la totalité du sujet et ne saurait rien laisser en friche. Seul Jung a vu cette dimension globale et unifiante. Jung reste à redécouvrir. GK

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